[ɡodʁijɔl] (n. fém. VIEUX FRA.)
🎼🎶Quand Madelon vient nous servir à boire
Sous la tonnelle on frôle son jupon
Et chacun lui raconte une histoire
Une histoire à sa façon🎶
La Madelon pour nous n’est pas sévère
Quand on lui prend la taille ou le menton
Elle rit, c’est tout le mal qu’elle sait faire
🎶Madelon, Madelon, Madelon !🎶
De très sérieuses études menées avec rigueur dans de nombreux banquets d’amicales en tous genres et une veille importante des traditions de salles de gardes l’ont démontré : « La Madelon » se fredonne immanquablement si l’on aborde le terme de gaudriole. Aucune analyse n’a pu à ce jour démontrer le lien causal de l’une à l’autre mais il en est ainsi, la science et sa mesure sont implacables. Comique troupier et gaudriole marchent main dans la main au pays suranné.
Ce postulat posé, il convient d’aborder le propos libre et libéré que suggère gaudriole, qu’il se chante ou se déclame (on notera ici que gaudriole ne saurait se susurrer). Gaudriole nous dit chanson à boire, paillarde s’il le faut, gaudriole nous emmène en pays de Cocagne où l’on fait bombance et où l’on ripaille à qui mieux mieux, gaudriole nous rend bête et graveleux mais au grand jamais méchant ni même odieux. La gaudriole est rabelaisienne, paresseuse, généreuse, outrancière et toujours pour autant sympathique.
Issue d’un savoir-faire ancestral du peuple français, la gaudriole fait l’objet récurrent des jalousies les plus fortes de ses pays voisins qui depuis deux mille ans n’ont de cesse que de vouloir le réduire à néant en, selon l’époque, l’envahissant, le forçant à travailler, lui imposant des normes sur la fabrication du foie gras, combattant ses AOC. En vain.
Il semble que la gaudriole permette de résister à tout, c’est à dire à l’ennui tout d’abord et à l’ennemi ensuite, et que bien que battue en brèche par des années de politique de santé publique à coup de mangez-bougez, mangez cinq fruits et légumes par jour, l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, elle ne soit présente en suranné que pour mieux se cacher.
Et puis la gaudriole c’est aussi le corps qui exulte. Qui donc pourrait bien enlever ça au peuple qui inventa l’amour ?