[kòpyrSik] (adj. subs. masc. ÉLÉG.)
On aura tout vu ! Un néologisme qui devient suranné. Enfin un néologisme pas très nouveau vu d’aujourd’hui puisqu’il date du XIXᵉ siècle, d’où son accession aisée au monde suranné. Mais un néologisme tout de même puisqu’il fut conçu sur-mesure. Vous suivez ?
En 1886 le brillant chroniqueur Albert Millaud (du Figarooo comme dirait Jean d’O), croque les travers de ses contemporains, qu’ils soient décadents, schopenhaueristes, morphinomanes, voyageurs de la ligne de Sceaux, députés, attachés ministériels, turfistes de Saint-Ouen, petit télégraphiste, ministre en herbe dans le brillant ouvrage illustré des « Physiologies parisiennes ». Cet esthète en toutes choses nous y compte les us et les coutumes de la comédie humaine d’alors, mais ceci est une autre histoire sur laquelle nous reviendrons un jour.
C’est donc ce même monsieur Albert qui théorise dans ses écrits le copurchic, incarnation selon ses dires du jeune moderne, comble d’élégance et de raffinement, pur et chic en un mot. Mélange du maintien du cocodès (le co de copurchic ?), du charme du barbon, et forcément grand duc lorsqu’il s’agit de célébrer quoi que ce soit, le copurchic est un firmament, un summum, une acmé de savoir-être. Avec lui, on touche en tout au sublime. Tout simplement.
On peut l’imaginer aisément : pas facile de maintenir cet état triomphant et de siéger sur ce pinacle muscadin. Une faute de jabot, un gant mal assorti, un calembour balourd, une rodomontade trop hardie et c’est la chute. Le copurchic redevient un dandy ou pire, un gommeux vaniteux. De copurchic à mirliflore il n’y a pas grande distance, si ce n’est celle d’un écart de langage, d’un instant d’égarement, d’une vacuité.
Le copurchic s’installera comme un mythe, une légende, un fragile équilibre que seuls un photographe ou un peintre doués peuvent figer.
Il serait long et bien trop laborieux de citer tout ce qui fit oublier copurchic. Las, il s’est prudemment réfugié dans de vieux livres reliés demi-chagrin beige à coins, dos à nerfs orné et passé, tête dorée, avec quelques rousseurs éparses. Du plus copurchic dans une bibliothèque.