[vedèt] (n. fem. VARIET.)
Moi j’aime le music-hall🎶
Ses jongleurs, ses danseuses légères🎶
🎶Et le public qui rigole
Quand il voit des petits chiens blancs portant faux col🎶
… nous fredonne Charles Trenet en écarquillant les yeux, chapeau mou sur la tête, œillet à la boutonnière, sourire Émail Diamant en prime.
Et le bougre s’y connait en matière de spectacle depuis qu’il se produit au Bœuf sur le toit, au Palace ou au Fiacre avec son tour de chant. Il a franchi toutes les étapes le fou chantant, passant du lever de rideau à vedette anglaise puis à vedette américaine, pour terminer en vedette principale. Le parcours classique de l’artiste que le talent a porté au firmament de la reconnaissance publique, bref de la vedette.
Vedette est un superlatif laudateur qui dit toute la bohème, les larmes et la sueur dépensées pour arriver en haut de l’affiche, car c’est à ça que se reconnaît la vedette, la vraie, quand l’anglaise n’est qu’au troisième rang des noms qui brillent, derrière l’américaine. Et à ce rang premier la vedette y tient, d’où le fameux tenir la vedette qui signifie tenir son rang lorsqu’il est le premier.
Pas exactement le même sens du talent que lorsque le barbacole me demande précisément de ne pas faire la vedette, sous-entendant que ma propension à faire le pitre n’est pas une virtuosité dont je pourrai tirer quelque avantage dans la carrière, et que cette inclination à épater mes camarades par la bravade ne m’apportera qu’ennuis dans la vie et aucunement admiration (de la petite blonde à couettes qui ne me regarde même pas, sous-entendu). Le brave homme avait raison, mais ceci est une toute autre histoire.
Les sombres sbires de la publicité ourdissant leur complot consumériste depuis la nuit des temps, c’est en 1947 qu’ils décidèrent de nommer Vedette des machines à laver le linge, cadeau idéal pour la maîtresse de maison qui pourra ainsi mieux se consacrer à l’accueil du chef de famille de retour du bureau, épuisé par la tâche. Et puis avec une Vedette, la vedette c’est toujours elle, sur l’écran noir de mes nuits blanches, moi je me fais du cinéma, sans pognon et sans caméra, Bardot peut partir en vacances comme le chantera en 1962 une autre vedette d’alors¹.
Jeanne Marie Le Calvé, dite la Mère Denis, vedette de chez Vedette, arrête les frais en 1980, lançant son dernier « c’est ben vrai ça ! » face caméra, tirant sa révérence avec panache et modestie comme toutes les vedettes.
Quelques années plus tard, en 1987, c’est la fin officielle des vedettes : voilà Voici, magazine aux photos floues de gens aux contours souvent troubles. Le moderne veut du people, pas de la vedette qu’il envoie vieillir en 33 tours ou en affiches de cinéma peintes à la main. Le people c’est bon ça coco, c’est pas ton music-hall avec tes jongleurs et tes danseuses légères, tes chanteurs qui roulent les « r », tes vedettes surannées.
🎶Moi, j’aime le music-hall
C’est le refuge des chanteurs poètes
Ceux qui se montent pas du col🎶
Et qui restent pour ça de grandes gentilles vedettes🎶
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