[ètre pòrté syr lartikl] (loc. verb. SALAD.)
Le poissonnier hâbleur clamant qu’il est beau son poisson, qu’il est frais son poisson, le maraîcher bramant que sa salade est verte quand celui du stand d’en face lui réplique haut et fort que chez lui elles sont belles ses tomates, elles sont belles, nous induiraient en erreur si nous les prenions en exemple.En effet, qui manierait mal le langage suranné dirait de ces figures du marché qu’elles sont portées sur l’article tant leur fougue bateleuse fourgue et refourgue la marchandise. Erreur; définitive erreur. Être porté sur l’article n’implique pas de faire commerce de fruits et légumes, de textiles ou bazar, ni même de son corps. Plus avant, affirmons que celui qui fait l’article n’est pas nécessairement porté sur l’article.
De même, n’est pas porté sur l’article celui qui utilise à foison cette marque grammaticale du genre et du nombre. Notons cependant qu’en français un propos sans article défini ou indéfini demeure complexe et que, de fait, on pourrait dire que notre langue est un peu portée sur l’article (par comparaison, le portugais est beaucoup moins porté sur l’article qui est y bien souvent accessoire). Mais là encore on se fourvoierait.
Est porté sur l’article quiconque mène une vie dont l’activité libidineuse est particulièrement active. L’article vaut la Chose en quelque sorte.
La question sous-jacente de la mesure que suppose l’expression n’ayant jamais été résolue autrement que par des prises de positions dogmatiques – telle celle de ces missionnaires prêchant la chasteté, celle de ces belliqueux nippons balançant la torpille, celle de ces acrobates montant là-dessus pour mieux voir Montmartre – être porté sur l’article demeurera durant toutes ses années d’usage à la discrétion de l’utilisateur.
C’est ce caractère éminemment subjectif qui la conduira en surannéité.
Pour que le moderne accepte d’utiliser être porté sur l’article il lui faudrait une toise, une norme établie selon des études américaines, une échelle établissant qu’à trois on est traditionnel¹ et à cinq on frôle la déraison¹, quand à dix on bascule dans le pathologique¹. Faute de quoi, être porté sur l’article demeurera suranné.