[le kòSô ki ri] (marq.dép. GRUÏK.)
Le Cochon qui rit® pouvait-il venir d’ailleurs que de Lyon, patrie mondiale de la boustifaille riche en lipides et du cochon qu’on accommode à toutes les sauces ? Non, bien entendu.
Le Cochon qui rit® a donc commencé à se marrer dans les bouchons de la Croix Rousse, et pas vraiment avec des gones. Il est le descendant d’un jeu de dé qui faisait dessiner un cochon aux joueurs (et buveurs, adultes donc) et qui se terminait, vous l’aviez deviné, en tournée payée par le perdant.
Et c’est un épicier répondant au prénom de Joseph et au nom de Michel (des parents plus joueurs auraient osé le Michel Michel), qui aura l’idée d’en faire un jeu accessible aux enfants.
Avec le Cochon qui rit® devenu jeu de société destiné aux plus jeunes, plus question de rhabiller le gamin pour le dernier à faire le double Un, synonyme de queue en tire-bouchon : le perdant du Cochon qui rit® pourra recevoir un gage, évidemment, mais sans alcool.
Être rose et luisant est plus apprécié qu’être blonde et bien coiffée
En 1934, le découvreur de trucs in-dis-pen-sables et ô combien suranné concours Lépine, prime le Cochon qui rit® un an avant le sèche-cheveux, preuve s’il en faut qu’être rose et luisant est plus apprécié qu’être blonde et bien coiffée (mais ceci est une autre histoire). C’est le début d’une carrière en fanfare qui animera des millions de soirées, de goûters d’anniversaires ou de journées pluvieuses du mois d’août sur l’île d’Oléron.
Plusieurs générations vont manipuler pattes, yeux, oreilles et queue d’un porcin coloré avec l’impérieuse consigne de ne pas perdre les petites pièces et de bien les ranger dans la boîte jaune. Notons que cette instruction ne sera pas totalement suivie d’effet et que de nombreux sus scrofae domestici finiront leur vie heureux, certes, mais avec des pattes en allumettes.
Ancré dans une tradition porcine française séculaire qui veut que dans le cochon tout soit bon, ou qu’on puisse être habile de ses mains comme un cochon de sa queue, le Cochon qui rit® avait tout pour durer jusqu’à la fin des temps.
Las, une bien triste modernité consistant pour l’homme à porter la queue en étendard plutôt qu’en tire-bouchon, viendra bannir le Cochon qui rit® du royaume enfantin. Le porc, plus attristant que riant, enverra en surannéité le goret souriant.
Il est bien impossible désormais d’imaginer un instant jouer au cochon et ça, c’est vraiment, vraiment moche. Ces gros porcs ont tué le Cochon qui rit® !