[tâɡ] (n. MARQ. CIAL.)
Moi j’ai bu du Tang. Et c’est une condition sine qua non à l’acquisition d’un certain degré de surannéité. Plus qu’une boisson Tang c’était un rite initiatique, une entrée dans l’univers de la fête (celle d’anniversaire avec les ballons, le maquillage et les déguisements, pas la soirée toge&mousse au Pacha, enfin !). Parce que le Tang ça se préparait ma bonne dame.
Le Tang c’était, avant d’être une boisson, un sachet de poudre que l’on ouvrait en déchirant le haut (les ouvertures faciles n’existaient pas encore, ce qui au demeurant ne changeait rien mais ceci est une autre histoire) non sans avoir pris la docte précaution de tapoter le dit sachet afin de faire glisser la totalité de son noble contenu au fond, il eut été dommage d’en perdre le moindre gramme.
Le premier geste était de porter le sachet au nez : Tang c’est une odeur. Un parfum d’orange comme jamais vous n’en humerez un jour (je parle aux djeuns) sauf si vous plantez une orangeraie en lisière de terres stockant des déchets nucléaires (les enfants, ne faites pas ça chez vous). Un doux parfum chimique que la norme européenne n’avait certainement pas encore contraint à respecter des conditions de sécurité alimentaire maximales; mais ceci est une autre époque, surannée vous dis-je.
Puis ensuite venait le temps d’opérer le mélange. Mélange eau-Tang s’entend. Sous nos yeux ébahis devant la puissance créative et technique de la General Foods Corporation le lyophilisé devenait aqueux. La transparence liquide se teintait d’un orange improbable mais si fort qu’il en était hypnotisant. Quelques tours de cuillères et Tang est prêt. La fête peut commencer…
Tang avait été utilisé dans les années 60 par la NASA pour permettre aux astronautes de déguster une eau récupérée et recyclée avec un goût meilleur. C’est ainsi un peu de la conquête spatiale qui devint un jour un des gadgets de Pif Gadget ! Eh oui, Tang réussit aussi ce tour de force.
L’histoire ne nous dit pas si Tang fut interdit pour des raisons précises et je ne relaierai pas ici les différentes légendes urbaines qui traînent sur son compte (non, j’ai dit non). Mais force est de constater que Tang n’est plus vendu en France et n’existe plus que dans des contrées ayant un rapport culturel à tout ce qui touche au palais et au goût plus « tolérant » que celui des Français. Il n’en demeure pas moins que si c’était probablement imbuvable pour tout être humain au-dessus de dix ans, Tang c’était la bonne partie de rigolade avec Vincent, avec Jean-Ba, Hervé et Aude et tous les autres, le mercredi après-midi.
Tant qu’on rigole avec les copains on peut boire du Tang. C’est plus tard qu’on a besoin d’alcool.
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