[sibiʃ] (n. f. ARG.)
Si la chanson est belle, si Gainsbourg est un fumeur de talent, si Deneuve est blonde et belle, je ne voudrais pas pour autant sembler inciter mes lecteurs à griller une cibiche, ce qui serait un comble pour le non-fumeur militant que je suis. Afin de ne pas contrevenir à la loi Evin et à mes convictions j’inscrirai donc ici avant de travailler à la définition :🎼🎶Tu n’es qu’un fumeur de Gitanes
Et la dernière je veux
La voir briller au fond de mes yeux🎶
🎶Aime-moi nom de Dieu🎶
FUMER NUIT GRAVEMENT À LA SANTÉ. NE FUMEZ PAS.
Ceci posé, c’est parti pour cibiche.
Argotique à souhait, la cibiche est devenue surannée à la disparition des fortifs’, des blousons noirs, des mobylettes, du service militaire et de ses Gauloises troupes insérées dans la ration de combat. La cibiche c’est la clope populo à une époque où elle envahissait tout : le zinc du rade évidemment mais aussi les voitures (je vous recommande le cocktail cigarette-Citroën Cx de mon enfance martyre), les trains, les restos, les avions !
Qui n’a pas connu les Paris-New York aux côtés d’un accro nicotiné ou le Brive-Austerlitz en wagon fumeurs ne connaît pas sa chance de vivre en notre siècle. Et que dire du déjeuner en brasserie avec un sans-gêne qui s’en grille une alors que s’avance ma côte de bœuf… mais je m’éloigne du sujet.
La cibiche se care au coin du bec de l’OS de Billancourt, du fort des Halles, de San A. La cibiche du planton s’allume avec la main en creux devant la flamme de l’allouf’ pour que le juteux ne s’en aperçoive pas, sinon tu prends trois jours. La cibiche c’est quand tu es un homme un vrai, un cow-boy, un dur, que tu veux imiter Marlon Brando et son tee-shirt moulant immaculé parce que ça plait aux gonz’.
Oui vous l’avez bien compris, la cibiche est d’avant, quand le risque était loin du zéro et qu’on s’en balançait, quand la (mauvaise) santé publique n’avait pas de ministre, quand la virilité se gominait au Pento et que les tatoués créchaient à la Santoche. La cibiche en a tué plus d’un et est morte elle aussi.
Je n’aime pas que les mots disparaissent mais celui-ci m’a enlevé des amis alors je ne le pleurerai pas. Ce sont eux qui me manquent pas la cibiche.
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