[la ʁat o kuʁtbujɔ̃] (loc. ARG. CUIS. MEDEC.)
La rate est à la fois la femelle du rat et un organe situé dans l’hypocondre gauche qui joue un rôle important dans la production des éléments du sang (j’ai fait un copier/coller car mises à part les soirées étudiantes je n’ai pas fait médecine). Se mettre la rate au court-bouillon consisterait-il dès lors à cuisinier avec 2 litres d’eau, 1 litre de vin blanc, ½ litre de vinaigre, 20 g de sel, 1 carotte, ½ branche de céleri, 2 brins de persil, ½ oignon, ½ feuille de laurier, 1 pincée de thym et 1 pincée de poivre, Madame Ratatouille capturée dans la cave grâce à un ingénieux piège et un appât de gruyère ?Je n’y crois guère même si la guerre et la misère ont déjà poussé certains de mes congénères à mastiquer la chair de cet étrange mammifère. Et si c’était le cas, de quelle rate s’agit-il pour réussir cette recette ? De la femelle du rat musqué ? Du rat des champs ? Du rat des cotonniers ? Du rat à crête sur l’épaule de son punk ? Du rat d’égout ? Du rat de laboratoire ? Du rat palmiste ? Du rat des rizières ? Du rat de Gambie ? Du rat de Polynésie ? Non, vraiment je n’y crois pas.
Je penche nettement pour la version organique avec une rate au court-bouillon qui consisterait à se cuisinier maison un petit stress troublant le sang qui en des temps lointains et surannés aurait appelé à la saignée.
Une saignée, Monseigneur, il lui faut une saignée !
Je préconiserai plutôt un lavement.
Alors ce sera une saignée et un lavement.
Se mettre la rate au court-bouillon est apparu selon tous les chercheurs en 1965 en titre du 58ᵉ livre nous narrant les aventures du commissaire San Antonio sur l’île du Konkipok. Un ouvrage suranné que je vous engage fortement à lire ainsi que tous ceux l’ayant précédé et la quasi totalité de ceux lui ayant succédé (un petit coup de mou de Dard dans les années 90 mais on lui pardonnera).
La force créative du concept culinaro-médical s’est ensuite diffusée dans une époque dépourvue de wifi et de media massificateurs ce qui prouve d’autant plus la pertinence et la justesse de son propos. Comme souvent en surannéité les mots tapent juste, là où ça fait mal, là où ça résonne, là où ça raisonne.
Le syndrome de la rate au court-bouillon s’est ensuite développé avec la montée générale d’un stress sociétal hexagonal conjointement dû aux performances footballistiques de l’ASSE et à ces pu***ns de poteaux carrés de Glasgow, au prix du Ricard au comptoir (passé de 0,50 Francs à 7 Euros en quelques dizaines d’années), à l’incapacité des cyclistes français de briller sur le Tour de France après le départ de Bernard Hinault, et généralement à ces féroces soldats qu’on entend mugir dans nos campagnes et qui font rien qu’à vouloir égorger nos fils et nos compagnes jusque dans nos bras.
Se mettre la rate au court-bouillon est devenu le mal du siècle moderne et il existe peu de remèdes si ce n’est celui de se marrer, de boire un bon pinard de temps en temps et de regarder les jupes des filles, ou les pantalons des garçons mais personnellement je suis plus jupe enfin bon chacun fera selon ses goûts. En conséquence de quoi je déclare ici qu’il n’est nulle nécessité de se mettre la rate au court-bouillon et vous enjoins solennellement de partager l’enseignement du grand Pierre résumé en une phrase (et un livre) : vivons heureux en attendant la mort.
Comprenne qui peut.
4 comments for “La rate au court-bouillon [la ʁat o kuʁtbujɔ̃]”