[dɔ̃kɛ kɔ̃ɡ] (n. pr. GAME.)
D‘aucuns pourraient objecter que Donkey Kong n’est pas trop suranné puisqu’il est né en 1981 et qu’il concerne le jeu électronique (on ne dit pas vidéo en 1981) : eh bien ils auraient tort ! Je leur rappellerai ici la règle dite « des années chiens » dès lors qu’il est question de circuits imprimés ou de toute forme de vie cyber-pixelisée : le temps passe six fois plus vite dans le monde virtuel qui est le leur que dans le nôtre ici-bas. Ainsi les trente cinq années qui nous séparent de 1981 (à l’heure où j’écris ces lignes) représentent-elles l’équivalent de deux cent dix ans de vie réelle.
On peut donc dire que Donkey Kong est suranné.
La première fois que je le croise, Donkey Kong s’agite sur l’écran d’un jeu d’arcade, dans l’arrière salle d’un bar tabac (de la rue des Martyrs ou d’ailleurs), eh oui à l’époque surannée les enfants peuvent aller faire un tour dans les bars enfumés et personne n’y trouve rien à redire. Le gorille me défie en emportant sur son dos une blonde à robe rose que je ne peux décemment laisser à sa merci (mon côté chevaleresque). Ne t’en fais pas belle demoiselle, j’arrive. Une pièce de 1 franc et c’est parti.
Des poutres et des échelles à gravir pour commencer. Le poilu Donkey Kong me balance des tonneaux mais je sais les sauter. Un raccourci par là, un marteau en bonus par ici et me voici tout en haut. Une bonne vingtaine de Francs ont tout de même été investis pour parvenir au résultat, je vous dois la vérité.
Le bougre kidnappe à nouveau ma promise et le voici protégé par des tapis roulant et des sacs de ciment. J’évite les boules de feu et je suis à nouveau tout en haut (je suis aussi plus léger d’un mois d’argent de poche à présent). Le lâche Donkey Kong s’esquive avec ma belle. Il se pavane comme je saute d’ascenseur en ascenseur et qu’il me jette des ressorts sur la tronche. Qu’importe j’y arriverai (avec mes étrennes de Noël).
Dernière épreuve avant de retrouver la blonde. Je décroche les crochets d’une plate-forme sur laquelle ce gros singe fait encore le mariole. Il finira par tomber et moi par voir s’afficher le cœur de la donzelle. Désormais j’ai des dettes et la partie est passée à deux francs. Et puis la blonde s’est envolée. Finalement Donkey Kong m’a vaincu et ruiné (j’ai deux ans d’argent de poche dans le rouge).
Mais tu peux bien faire le malin, babouin, je sais qu’elle pense à moi et le jeu n’est pas vraiment fini. Je suis son pixel préféré.
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