[véaSès] (acrony. VIDÉO)
Trois lettres. Trois lettres qui s’enchaînent dans un acronyme devenu anonyme sont désormais surannées. C’est amusant et cruel à la fois de contempler ainsi les vestiges d’une ex-modernité tombée au champ d’honneur de la surannéité.Dans les années 70, années surannées s’il en faut¹, surgit sous l’impulsion de JVC 日本ビクター株式会社, fabricant japonais de matériels électroniques, le balayage hélicoïdal vertical ou Vertical Helical Scan comme norme d’enregistrement de signaux vidéos sur bande magnétique de ½ pouce. VHS deviendra VHS un peu plus tard, VHS étant difficilement compréhensible du grand public… Je veux dire que Vertical Helical Scan se muera en Video Home System mais comme cela ne vous aura pas échappé ça se réduit en VHS dans les deux cas, CQFD.
Courant 70 au Japon et fin 70 en France donc, le VHS envahit peu à peu les salons sous forme de cassettes grand format accompagnant l’imposant et positionnant magnétoscope². Ces grosses boîtes de plastic noir répondent aux doux noms de E-30 (pour 30 minutes d’enregistrement), E-60 pour 1 heure d’enregistrement, E-120 pour 2 heures, E-180 E-210 etc. jusqu’à E-300, et elles permettent d’enregistrer, c’est à dire de conserver du temps passé pour le temps qui viendra.
Eh oui l’ami, en 1979 se mater un petit film à une autre heure que celle officiellement voulue par ta chaîne de télévision préférée (pour rappel il y en a alors 3 au total, oui, 3) est un luxe inouï et le nanti n’hésite pas à étaler sa supériorité avec une vidéothèque remplie de VHS en lieu et place de ces vieux ouvrages ringards sur papier Bible.
Au top de la vague début 1980, le VHS s’éclipsera pour aller mourir au cimetière des éléphants électroniques à Akihabara, le rouge lui montant au front en contemplant la beauté du jeune CD, lui-même bouté hors du temps par le sémillant DVD qui verra le Blue Ray lui succéder avant que la VOD ne vienne mettre tout le monde d’accord sur l’âge de la retraite.
VHS n’est désormais plus qu’un sigle insensé ne racontant plus rien de son passé, les plus audacieux cherchant à le caser, mais en vain, entre LOL et MDR. Les cassettes VHS sont entreposées dans le grenier, elles se repaissent de leurs souvenirs de comédies potaches ou de classiques en noir et blanc, de dessins animés et de documentaires spécialisés sur la reproduction des mammifères.
Des fois des enfants vont fouiller dans les malles qui hébergent les VHS, ils regardent avec interrogation ces rectangles de plastique et referment le couvercle. Tant pis, il ne connaîtront pas Bambi.