[ʒɔkʁis] (insul. RAOU.)
Le présent dilemme qui se pose à nous est celui du positionnement du curseur entre naïveté et bêtise assumée voire perversion de jocrisse; car qui pourrait contester qu’il est bien entendu totalement suranné, la dernière personne l’ayant employé se trouvant être le Capitaine Haddock¹ (Les aventures de Tintin : Coke en stock, Hergé, 1958). Jocrisse est-il donc le benêt de la farce classique² ou le plus vil négrier du XXᵉ siècle ?
On aurait tendance ici à soutenir la thèse de la bêtise, de celle qui rend presque sympathique et autorise le suranné. Jocrisse c’est Ribouldingue, Filochard et Croquignol, les trois compères des Pieds Nickelés, jocrisse c’est Bérurier, partenaire du Commissaire San Antonio, jocrisse c’est… ah non, elle je ne peux pas la citer elle est encore en vie et elle fait des procès.
Jocrisse c’est Raoul Volfoni : « mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance, et une sévère… Je vais lui montrer qui c’est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu’on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m’en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile ! ».
Voilà pourquoi je le dis aujourd’hui : oui jocrisse est suranné.
Extrait de la thèse « Surannéité et argot de nos Faubourgs du Moyen-Âge à nos jours » soutenue devant la Docte Assemblée Surannée du Club des vieux cons surannés en l’An de Grâce Deux mille quinze.