[jwòjòté de la tuf] (verb. 1er gr. FOL.)
Jusque dans la folie le suranné est juste et imagé. Il n’y peut rien il est comme ça. Il faut dire qu’il a eu le temps de s’affiner car depuis que la langue se délie et que l’homme délire, il en a croisé des doux dingues, des tarés, des cinglés, des neuneus, des idiots du village et des fous de la nef. Ne me faites pas écrire ce que je n’ai pas même pensé : j’ai une certaine tendresse pour les barjots, les siphonnés, tous ceux qui vivent dans les étoiles, qui habitent à plusieurs dans leur tête. Le seul instant où ils peuvent me faire peur c’est quand je les comprends : je me dis alors que peut-être moi aussi je yoyote de la touffe.Eh oui vous ne l’aviez pas entendue depuis longtemps celle-ci c’est pour cela qu’elle est si surannée. Même si la médecine n’a pas vraiment fait de progrès depuis le diagnostic énoncé de la sorte par un praticien peu prévenant à propos des absences d’un grand oncle gâteau ayant viré gâteux, elle a travaillé ses éléments de langage pour faire plus jeune. Elle parle désormais de troubles pour ceux qui ne sont pas bien nets mais au fond ça veut toujours dire qu’ils yoyotent de la touffe. Au temps du suranné on disait « pépé yoyote de la touffe« , au temps modernisé on dira « ce senior est atteint d’un trouble cognito-mémoriel ».
Dans les deux cas c’est de la tête dont il s’agit, eh oui la touffe c’est celle des cheveux ! Notez au passage que l’expression concerne aussi les chauves ce qui devient un comble, les pauvres démunis de leurs atouts capillaires se trouvant doublement raillés.
Le yoyo qui yoyote, mouvement de bas en haut, est celui des idées qui passent du clair au bien brouillé plus vite que la musique. Est-ce parce que le yoyo est un jeu si simple que le plus benêt d’entre nous saurait s’y débrouiller que la touffe yoyote ? Ou bien le doublement du yo a-t-il un caractère simpliste ? Je vous laisse décider.
Si je puis me permettre je n’aurai qu’un conseil : yoyotez de la touffe mes amis, car si le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, les rêves sont quant à eux uniquement pour les fous (et pas les fous de Dieu). C’est bien la seule façon d’être libre.
Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière.