[kòlé o bask] (gr. verb. EUSKA.)
À la courtoise époque surannée dite de la Renaissance, le gentilhomme qui se targuait d’être à la mode se devait de porter un pourpoint. Cette veste courte et matelassée (ancêtre de la veste d’intérieur en soie matelassée) mettait en valeur tout physique quelconque avec ses épaules rembourrées et permettait au courtisan de faire se pâmer la damoiselle corsetée. Et c’était d’autant plus efficace qu’il était porté avec de longues pièces d’étoffes, précieuses de préférence, qui y étaient attachées et tombaient jusqu’au sol.
Ces fameux empiècements qui font toute l’attitude de la silhouette sont dénommées des basques et je ne puis vous confirmer quelque raison régionale qui soit derrière l’appellation. Les modernes diront que la profusion de dentelle, les bas et les chausses à talon donnent à l’ensemble un genre très féminin, je leur rétorquerai que les crocs et le pantacourt confèrent quant à eux un genre… très commun. Mais ceci nous éloigne des basques alors qu’au contraire nous devons y coller pour parvenir au bout de ce papier.
Deux ou trois siècles plus tard, comme la mode n’est pas encore synonyme de changement tous les trois mois et prend son temps, apparaît l’expression coller aux basques. Le sens en est limpide : celui qui vous serre de si près qu’il est comme une pièce de tissus prolongeant votre habit vous colle aux basques. Délicieuse simplicité et redoutable efficacité de l’exposé, largement suranné depuis que l’homme se contente de son complet-veston et que le basque se cantonne à être euskara, une langue de type ergatif et agglutinant qui ne fait pas pour autant de son locuteur un être pénible et collant. Mais ce qui crée tout de même des quiproquos régionaux.
Le contemporain pourrait être tenté de localiser sa tentative d’usage de l’expression et lancer du coller au breton, du coller à l’occitan voire du coller au créole, histoire de briller en société. Une société qui ne se gausserait d’ailleurs que peu, tant coller aux basques a enfoui son sens au fin fond du vestiaire. Ne me dites pas que j’affabule, on a déjà vu de bien plus piètres esbroufes syntaxiques réussir : « au jour d’aujourd’hui » donne l’air précieux, « à partir de dorénavant » laisse à penser qu’on maîtrise tous les temps, « postulat de départ » qu’on est un philosophe… Alors bousiller un peu plus en prenant les basques pour ce qu’elle ne sont pas, la belle affaire !
Rappelez-vous que les seules basques pouvant êtres collées sont celles qui pendouillent au dos de votre pourpoint mais si vous n’en portez pas puisque ce n’est plus la mode vous pouvez désormais en toute connaissance user de la sentence. Je serai là pour vérifier son bon usage.