[kaSè de la mèri] (loi 18 mars. OFF.)
Rarement définition surannée aura été aussi chiante. Et je pèse mes mots. Préparez-vous puisque l’on va parler du fameux décret du 25 septembre 1870 et de la loi du 18 mars 1918. Ne me dites pas que vous les ignorez, j’en serais fortement perturbé.
Le décret du 25 septembre 1870 définit Marianne en tant que timbre national, c’est à dire reproduction du sceau de l’État français (je vous avait prévenu on fait dans l’aride), utilisé pour les actes officiels du chef de l’État et du gouvernement et par toutes les autorités publiques pour authentifier leurs décisions. La loi du 18 mars 1918 que vous connaissez sans doute mieux même si elle sent bon le suranné elle aussi, prend des dispositions en matière d’interdiction de fabrication, de détention, de vente et d’utilisation de timbres, sceaux, et marques susceptibles d’être confondus avec les sceaux publics ou officiels. Elle traite aussi de la falsification et l’emploi frauduleux des sceaux authentiques de l’État qui sont réprimés pénalement. Si on ne peut plus rigoler, où va-t-on ? Enfin, continuons…
Voici donc le cadre rigoriste dans lequel est appelée à s’épanouir notre expression délicieusement suranné : cachet de la mairie.
Si vous êtes arrivé jusqu’à cette ligne c’est que vous êtes prêt à tout entendre et à tout lire. Ça vaut mieux parce que c’est ici qu’on bascule dans le graveleux comme vous ne vous en doutiez pas. Eh oui mes amis, dans notre bas monde suranné le cachet de la mairie est certes un sceau mais celui-ci officialise un vraisemblable manque de papier dans un lieu où le Roi va seul, que l’on dit d’aisance ou encore plus subtilement de repoudrage de nez.
C’est cradingue je vous l’avais bien dit mais c’est la vie. Il fut un temps, il est encore des lieux, où s’appose le cachet de la mairie quand le responsable de l’approvisionnement a torché son boulot et n’a pas pourvu en bon ravitaillement Lotus (ou autre marque) le dévidoir conçu à cet effet. C’est bon ? Vous avez l’image ?
Au passage je souhaite crever l’abcès de la querelle éternelle sur le sens de présentation du papier toilette en rouleau (première feuille par dessus ou par dessous). Je sais que ce débat est aussi véhément que celui opposant pain au chocolat à chocolatine, bien que le bonne orientation soit depuis belle lurette calée par les principes du savoir-vivre. Pour clore cette discussion je ferai appel à Paul Burrell, majordome de Diana Spencer, princesse de Galles, dont on ne peut imaginer un instant qu’il contrevienne à l’étiquette la plus rigoureuse. Et le brave homme (au chômage depuis vingt ans bientôt que sa souveraine n’est plus) nous dit : par dessus. Dont acte.
Revenons à notre cachet de la mairie qu’il a peu dû croiser dans les palais de la perfide Albion, à moins qu’on nous révèle prochainement un certain penchant scatophile dans la famille royale ce qui ne m’étonnerait guère après tout¹.
Le cachet de la mairie dûment apposé sur un pan de chemise fait donc foi d’un manque officiel de papier et d’une insupportable faculté d’adaptation de l’être humain à sa basse condition. Au propre (si j’ose dire) comme au figuré le vilain saisira toute opportunité passant à portée de main pour s’en tamponner le coquillard si ce dernier est encombré et ainsi se sortir de la mouise. Et peu importe si l’opportunité est faite de sa jaquette.
Vous voilà au parfum; désormais vous ne regarderez plus avec le même œil l’employé de mairie assommer sans passion avec son tampon encreur modèle réglementaire homologué les bans annonçant les futurs mariages. À chaque marque c’est officiel, vous êtes dans la m***e.