[kôté léz- ö dâ le tru dy ky de la pul] (loc. COT-COT)
C‘est la crise. Je vous le reprécise au cas où l’information vous aurait échappée mais c’est la fin des haricots ma pov’ madame.« Y’a plus de jeunesse, tout fout le camp, ils nous dérèglent le climat avec leur bombe, c’est plus ce que c’était, de mon temps on savait y faire, etc ». Et en matière économique c’est pire que tout : budgets serrés, salaires gelés, revalorisations repoussées, augmentation de tout, etc. aussi.
C’est dans ces occasions que resurgit dans la bouche des parleurs un peu haut une expression délicate comme seule sait le produire cette langue surannée au caractère imagé : compter les œufs dans le trou du cul de la poule.
Compter les œufs dans le trou du cul de la poule nous évoque à l’instant tout le désarroi mêlé d’impatience anxieuse de celui qui s’oblige de la sorte. Car l’acte est vil, convenons-en. Mais qui peut-il être ? Un radin congénital ? Un flambeur endetté auprès d’une prêteur pressant ? Un zoophile patenté ? Et l’expression ne concerne-t-elle que la poule aux œufs d’or et nullement la caqueteuse gallus gallus domesticus de nos basses-cours ?
Aucune origine connue, pas même chez Rabelais, c’est dire !
Compter les œufs dans le trou du cul de la poule intrigue le chercheur en suranné car il ne lui trouve aucune origine, pas même chez Rabelais, c’est dire ! Certes le cloaque gallinacé possède la double fonction pondeuse et défecatoire qui laisse entendre combien est vicieux l’acte de vouloir y compter l’œuf mais cela est de peu d’aide au savant.
Tout comme son sujet il est bien à la peine pour trouver quoi que ce soit. Si j’osais je dirais qu’il donne alors sa langue au chat. Mais le minou n’a rien à faire au milieu des cocottes.
Compter les œufs dans le trou du cul de la poule est un véritable mystère de syntaxe que l’on s’y connaisse ou pas en poule (rousse, Sussex, Leghorn, Gournay et autres), en œufs (coque, au plat, brouillés, durs…), en trous du cul (candidat de télé-réalité, chanteuse à la mode, philosophe de plateaux télé, etc.).
Piètre coq de basse-cour, médiocre cuisinier, ignorant des stars montantes, je ne peux qu’admettre devant vous ma plus grande incapacité à vous éclairer sur ces œufs et leur matrice. J’en suis fort marri et vous présente mes plus plates excuses.
Je me cantonnerai désormais à chercher des œufs de Pâques dans les jardins, quand les cloches et les lapins les auront pondus, c’est nettement plus logique.