[kuj dâ le pòtaZ] (expr. probl. CUIS.)
L‘incongruité de l’exposé comme marque quantifiable du problème posé : c’est en résumé la construction de l’expression surannée. En tout cas ce sera celui de la désuète qui nous attend ci-dessous. Mais nous avons le temps, elle est au chaud et ne s’en ira point.
Je vous préviens avant d’aller plus loin qu’elle pourra choquer les plus sensibles à la crudité du langage descriptif de l’anatomie masculine. Il est encore temps de faire demi-tour et d’aller lire un bon vieux Point de Vue-Images du monde ou tout autre ouvrage aux lettres irréprochables.
Comme souvent au suranné le langage est cuisinier. La France est le pays du bien-manger, ceci explique cela. Quand donc se présente un problème en apparence insoluble, quand il ne semble y avoir d’autre échappatoire que la disparition instantanée dans une faille spatio-temporelle, on dit si on parle suranné qu’il y a une couille dans le potage. Pour ceux qui ont l’image, la position est pour le moins complexe. Il eut été entendu et pas moins cru d’en avoir deux dans le potage (ces machins là fonctionnent par paire, sauf accident) mais nos ancêtres créatifs en ont voulu une et une seule.
Il faut y voir le signe que tout n’est pas perdu, soyons optimistes.
Y avoir une couille dans le potage s’utilise en cas de désarroi majeur face à un obstacle incontournable.
Exemple : « La voiture hoquetait comme une vieille guimbarde. Une fumée noirâtre s’échappait du capot depuis quelques minutes. Il y avait une couille dans le potage ». Ou encore : « Le vieux ventilateur brassait les volutes et la sueur. J’avais deux As de cœur dans mon jeu. Il y avait une couille dans le potage » (auteurs inconnus).
Selon les chercheurs, l’expression viendrait de Vendée où la touille est une cuillère à soupe que les bonnes manières obligent à ôter du potage pour le servir puisque la touille ne sert qu’à touiller. Attention, au XIXe siècle la cuillère à soupe est l’équivalent de la louche actuelle et vous conviendrez qu’il est non seulement mal poli mais surtout peu pratique de verser le potage sans problème si la louche y demeure. Si l’on en croit cette explication, le « t » se serait mué en « c » pour partir en couille et transformer la touille dans le potage en couille dans le potage. C’est crédible.
Le savoir-vivre évoluant on usera de la louche pour le service, ce qui est au demeurant plus pratique que le versement.
Reste que la couille dans le potage s’est propagée depuis son fief vendéen et qu’on la trouve désormais partout, tout comme les problèmes. Mais elle va se ranger.
Le potage est un plat de rural, mi-solide mi-liquide, et la modernité est urbaine. Elle veut oublier ses campagnes alors elle ne fait plus de potage. Et sans potage, plus de couille qui y baigne. Alors l’homme des villes a « un blème », rencontre une difficulté, est confronté à un accident de vie, mais n’a plus de couille dans le potage.
Il a grand tort car il doit manger au moins cinq fruits et légumes par jour pour y survivre, faut-il le lui rappeler ?