[lə sykʁ dɔʁʒ] (gr. nom. CONF.)
Allons, allons, ne me racontez pas le contraire, vous y avez tous pensé, bande de coquins ! Je le sais. Je vous vois. Mais ne vous en déplaise, sachez que le sucre d’orge n’a pas toujours été une allégorie libidineuse pour jeune fille en fleur en robe à smocks et en socquettes : oui, il fut avant tout un petit plaisir gustatif d’enfance aujourd’hui suranné. Ô sucre d’orge je me souviens de ton tortillon de couleurs, de ce rouge de ce blanc enlacés dans une farandole qui ne semble jamais vouloir s’arrêter.🎼🎶Lorsque le sucre d’orge
Parfumé à l’anis
Coule dans la gorge d’Annie
Elle est au paradis🎶
Quelle harmonie hypnotique dégageaient-elles alors ces deux teintes contraires ! Cette petite canne courbée aux deux tiers de sa longueur, ce demi-tour effectué en même temps que ses essences lumineuses s’entremêlaient jusqu’à nous faire perdre l’idée de ce qui est dessus, de ce qui est dessous; le sucre d’orge nous faisait perdre nos sens rien qu’à l’apercevoir, cet indécent.
Il est devenu difficile à trouver, l’avez-vous remarqué ? Remisé au fin fond de boutiques spécialisées en sucreries surannées. Bafoué par de la confiserie de pacotille (mais néanmoins délicieuse) aux fantaisies marketées. Une victoire de la pudibonderie, de la pensée correcte ? Enfin, c’est ce qu’elle croit la bigote bougresse. Parce que lorsque les Chamallows fondent dans la bouche d’Annie, elle est toujours au pa-ra-dis…