[resevwar yn Ziròflé a sêk pétal] (gr. verb. HORTI.)
Originaire du bassin méditerranéen, la giroflée est une fleur des plus communes en France et pousse de-ci de-là sur les murs, aux pieds des palissades et où le vent et les abeilles auront décidé de porter ses pétales de couleur jaune, pourpre, orange, rose ou encore marron. Un très joli parfum suave la rend reconnaissable et c’est ainsi que d’avril à octobre elle égaiera nos villes et nos campagnes.
Possédant quatre pétales, nul ne s’explique vraiment comment cette fleur ornementale a fini par s’en doter d’un cinquième pour terminer balancée sur la joue d’un gougnafier qui le méritait bien.
Vous craigniez que l’on fasse dans l’horticole ? Ne vous en faites pas, on va causer mornifle.
Recevoir une giroflée à cinq pétales c’est en effet prendre une torgnole, une calotte, une taloche, bref la forme ultime de l’expression d’un désaccord, celle qui vient après le non poli, le non ferme, le non crié, le mais j’ai dit non ! Mais recevoir une giroflée à cinq pétales c’est surtout une profonde interrogation sur les chemins tortueux de la langue et l’utilisation créative qu’elle peut faire du moindre de ses mots. Que peut bien venir faire une fleur dans cette violence physique ?
Serait-ce pour marquer un contraste saisissant que l’avanie souffletteuse est assénée en bourgeons ? Dites-le avec des fleurs même dans ces moments d’humeur en quelque sorte ? Une résurgence du flower power et de ses hippies qui offraient une fleur aux soldats baïonnette au canon toute dressée ?
Ou est-ce parce que la giroflée se rapprocherait d’une composition mêlant le « gi » et le « fle » de la gifle et un peu de « ée » de la fessée ? Les experts se perdent en conjectures, les fleuristes demeurant les plus fermes sur l’impossibilité des cinq pétales pour la giroflée, les amateurs de fessées étant nettement plus souples sur la question.
Le 4 mars 2015, dans l’une de ses spectaculaires décisions, le Conseil de l’Europe¹ considérait que la France ne respectait pas l’article 17 de la Charte européenne des droits sociaux, le droit français ne prévoyant pas d’interdiction suffisamment claire, contraignante et précise des châtiments corporels voire pire promouvant la giroflée à cinq pétales avec son droit de correction.
Un an plus tard, une femme sur quatre déclarait avoir déjà reçu une fessée de son partenaire et quatre sur dix se disaient prêtes à en donner².
Comment voulez-vous que la giroflée à cinq pétales demeure tranquillement dans son époque surannée si vous la titillez ainsi.