[se buskylé o pòrtijô] (gr. n. RATP)
Ah, le poinçonneur des Lilas ou d’ailleurs…Celui qu’on croise et qu’on n’regarde pas comme nous le portraitisa le grand Serge, celui qui faisait des trous de seconde classe et des trous de première classe avant d’envisager de s’en faire un dernier pour ne pas finir dingue.
Ami jeunot qui navigue aujourd’hui sur le réseau avec ta carte Navigo, sache qu’il n’en a pas toujours été ainsi.
En un temps que les plus surannés ne trouveront pas si lointain, le métro c’était la classe (la première ou la seconde) et le service, puisque le poinçonneur se tenait à l’entrée du quai prêt à satisfaire un à un ses clients en les gratifiant d’un petit trou (quel beau métier) grâce à sa poinçonneuse Klein.
Et si le gus en uniforme ne poinçonnait pas assez vite, ça se bousculait au portillon. La foule s’amassait tendue comme un seul homme vers son destin et sa destination : vite le métro arrive ! Alors le poinçonneur augmentait sa cadence infernale : des p’tits trous, des p’tits trous, encore des p’tits trous. Toujours des p’tits trous pour ceux qui rentrent du boulot pour aller faire dodo. C’est là, Porte des Lilas, qu’est née se bousculer au portillon, dans la promiscuité suante et fatiguée des retours au bercail, dans l’empressement tendu par l’idée de manquer ce dernier des métros. Et quand ça se bouscule au portillon ça ne peut pas passer, ne cherchez pas c’est comme ça, et si ça passe c’est que ça a débordé.
Un rapport des ressources humaines dûment diligenté par quelque autorité démontra très sûrement que le préposé était en cause si ça se bousculait au portillon. Que le bougre n’avait pas le poignet assez souple, qu’il ne poinçonnait pas comme il aurait fallu, que sais-je encore !
Il prit la porte. Le portillon aussi.
Un tourniquet automatique à poinçonneuse ultra-moderne électronique fut installé en lieu et place de ce cerbère parti sur la grand route, si pour lui il était encore temps. Las, foin de modernité ça se bouscule à qui mieux mieux mais ce n’est plus au portillon.
Un nouvel audit a préféré pousser dans sa retraite se bousculer au portillon. Ses conclusions sont sans appel : c’est l’expression qui créait le chaos.