[mètre le peti Zézy dâ la krèS] (loc. verb. INRI)
A priori l’expression étudiée en ces lignes pourrait avoir un petit peu plus de deux mille ans, ce qui lui donnerait un sacré caractère suranné. Il est cependant fort probable qu’elle naquit bien des siècles après l’enfant Jésus qu’elle utilise en sujet, selon toute vraisemblance en des temps où l’irrévérence se la jouait Peppone face à Don Camillo. Étudions.
Né en 5 avant lui-même, Jésus de Nazareth ne semblait pas se destiner prioritairement à une carrière dans le domaine de la gaudriole. Guérisseur thaumaturge doué, il rencontrera après plusieurs miracles quelques déboires avec les autorités locales qui le condamneront à la notoriété que l’on sait et sur laquelle cette docte encyclopédie ne saurait prendre le temps de s’étendre faute des compétences avérées en matière d’éternité, Évangiles et autres Épîtres. Il n’en est pas moins que mettre le petit Jésus dans la crèche n’est a priori sans aucun rapport avec les enseignements dudit sieur.
Si l’on en croit les représentants actuels de celui qui finit sur la croix, mettre le petit Jésus dans la crèche ne serait pas conforme à la morale prêchée par le Jésus en question, ce qui peut sembler cocasse pour quelqu’un justement né dans une crèche, à moins qu’une certaine honte d’origines paysannes n’anime ces modernes urbains du monde contemporain (dits aussi urbi et orbi), Nazareth, Capharnaüm et Bethléem ne passant pas en -5 pour les endroits les plus trendy de l’époque. Mettre le petit Jésus dans la crèche fleure bon le refoulé et le péché originel et ça tombe bien puisque c’est lui dont le petit Jésus est l’enjeu.
S’il peut passer pour un blasphème, mettre le petit Jésus dans la crèche est plus joli que tremper son biscuit, moins vulgaire que tremper sa nouille, moins Rabelaisien que tremper son pain au pot, moins miséreux que prendre le café du pauvre. Il était donc utilisé joliment par la langue surannée jusqu’à ce qu’un conflit étrange sur cette crèche qui le compose vint mettre fin à sa présence courante, le remisant au fond du foin de l’étable dont il était sorti.
Depuis que la crèche n’a plus droit de cité mettre le petit Jésus dans la crèche n’est donc plus usité. Le moderne va niquer, ce qui est moins religieux convenons-en, mais aussi sans mystère et sans fard.
Pour une fois que la liturgie était plus qu’une simple histoire de culte…