[kurir la prétâtèn] (loc. ver. SPOR.)
C‘est un nom commun étrange, unique, presque inusité mais pas pour autant inutile. Il compose une désuète expression qui pourrait prendre une bien truculente tournure si elle devait se lire à l’aune moderne des exploits télévisés en épisodes des femmes de la génération Y.
Heureusement, il n’y a que de très faibles probabilités que l’on vous ai accusé de courir la prétentaine, mettant en scène cette méconnue prétentaine que l’oreille pourrait confondre avec une trentenaire, c’est à dire avec toute femme de moins de soixante ans¹. Et si vous l’entendez à votre endroit, il y a cette fois fort à parier que ce ne soit guère un compliment qui vous est adressé.
On dit, a priori depuis le XVIIᵉ siècle, courir la prétentaine pour désigner l’activité d’un homme à la recherche de la satisfaction goulue de ses préoccupations sensuelles par le truchement de multiples aventures.
Si la prétentaine ne prête à aucune véritable glose étymologique, à notre plus grand désespoir aucun savant ne sachant d’où elle vient, le verbe courir qui traduit l’empressement des escapades de celui qui mène une vie de bâton de chaise, demande explications.
On pourrait en effet cheminer la prétentaine, déambuler la prétentaine, toute entreprise de séduction ne se faisant pas obligatoirement à la hussarde. Mais non, la langue a bien choisi de courir la prétentaine. Preuve s’il en fallait que le temps passé ne se rattrape pas, encore moins dans les choses du corps que dans celles de l’âme, et qu’il faut vite se dépêcher pour satisfaire ces envies.
Nos cousins de la Belle Province courent eux aussi mais c’est la galipote plus que la prétentaine. Quand l’on sait que la galipote est cette vile sorcière, ou parfois loup-garou, qui hante les bois et les forêts, on comprend là aussi que courir la galipote tout comme courir la prétentaine c’est courir à sa perte.
Notons que courir la prétentaine possède une utilisation apaisée dans certaines acceptions et signifie alors s’agiter en tous sens sans aucune raison, mais cette version a elle aussi périclité.
L’irruption numérique de la rencontre virtuelle généreusement facturée a rembarré le galopin qui entendait courir la prétentaine. Aujourd’hui le moderne like, match, FAV ou RT, met un pouce vers le haut tel un empereur romain, sur son écran tactile.
De fait il court nettement moins, le principe de l’époque consistant désormais à ne pas trop se fatiguer pour quoi que ce soit, y compris pour conter fleurette aux donzelles. Misère…