[tʁɛz a la duzɛn] (exp. maraich. MARCH.)
Je vous parle du temps d’avant le packaging, lorsque l’allée pénétrante n’existait pas, que les gondoles ne voguaient qu’à Venise, et que le panier moyen était fait en osier.
C’était le temps du treize à la douzaine, cette délicieuse pratique qu’on n’appelait pas commerciale tellement elle paraissait frappée au coin du bon sens.Offrir un treizième fruit parce que sur les douze autres il était possible d’en trouver un trop mûr, une huître de plus pour celle qu’on allait abîmer en la forçant, un œuf de plus pour compenser celui qu’on ferait tomber. Un geste de coutume, de ceux qui entretiennent les bonnes relations. Je l’aimais bien ce geste, plus sympathique que les 33% d’un produit girafe et moins vulgaire qu’un stop rayon.
On remerciait le maraîcher ou la caissière et on revenait le lendemain leur dire que décidément, leurs fruits étaient bien les meilleurs de la région.