[pépéaS] (abrév. MÉTÉO.)
Trois lettres qui s’enchaînent pour former une périphrase. La forme est rare.
C’est qu’elle cache la camarde derrière ses précautions d’oracle qui ne sont qu’une pudeur, et non le fruit d’une obscure démarche visant à travestir le sourd dessein d’un choc de simplification novlangagier comme le modernisme en amènera plus tard.
Oui, PPH est plutôt délicat; en tout cas nettement plus que Passera Pas l’Hiver qui diagnostique un état de santé chancelant.
En condensant en un redoublement de la douzième consonne de l’alphabet latin suivie de la sixième par ordre d’apparition, l’expression PPH mesure une durée de vie inférieure à celle d’une saison dont les frimas sont connus pour hâter l’hallali. Quiconque est siglé PPH gagnera à mettre sa succession en ordre car il est probable aux yeux du commun qu’elle s’ouvrira avant l’été prochain.
PPH n’en est pas pour autant un verdict médical. On a vu plus d’un PPH gambader au printemps ou même porter des chrysanthèmes à celui qui l’avait affublé des initiales prédictives. Et puis en vérité, derrière les deux P sentencieux se dissimule une lueur d’espoir : Passera se contente du forclusif Pas et se passe de son habituel ne, preuve d’un certain manque de conviction dans l’anéantissement qu’annonce son Hiver.
PPH ne doit ainsi jamais se prendre au pied de la lettre.
S’il en est un qui lui n’a pas passé l’hiver du langage abrégé, c’est bien ce PPH. Bouté hors de propos par l’action du réchauffement climatique qui écarte la froidure, et largement concurrencé par un funeste mois d’août au cours duquel furent abandonnés les aînés, PPH disparut corps et âme en l’an de grâce 2003. En quelque sorte PPH ne passa pas l’été, ce qui demeure un comble dans l’art de filer suranné.
On aurait entendu PPH récemment, utilisé à bon escient pour désigner l’état d’un homme atteint d’un rhume ou celui de tel autre s’étant coupé le doigt avec une feuille de papier¹.
Aux dernières nouvelles ils verront le printemps.
PPH ne sert vraiment plus à rien.