[ne pa dyré osi lôtâ ke lé kôtribysjô] (loc. verb. TVA.)
SYN. Durerà quant’u pane caldu (lang. corse).
Depuis qu’il a inventé le temps, l’homme n’a de cesse de le mesurer au plus serré afin d’éviter de perdre le sien tout en n’hésitant pas à faire attendre sous l’orme et ainsi gaspiller celui de l’autre (mais ceci est une autre histoire).
Cette obsession du temps qui court, court, qui nous rend sérieux comme le chantait le poète en 1975¹ a ainsi donné lieu à son lot d’inventions en tous genres : la mythique Monaco de Tag Heuer, l’horloge parlante évidemment, et l’expression ne pas durer aussi longtemps que les contributions.
Ne pas durer aussi longtemps que les contributions, employée dans une phrase sous sa forme commune « eh ben, ça au moins ça ne durera pas aussi longtemps que les contributions« , est bien entendu une parabole sur la notion d’éternité et d’infini que les plus grands philosophes n’ont finalement pas résolue mais que l’administration du Trésor public semble, elle, avoir touché du doigt.
Couramment utilisée au zinc du Balto pour souligner un état dit de grâce d’un puissant ou une amourette d’un chasseur de caille coiffée, ne pas durer aussi longtemps que les contributions marque en réalité un désespoir : non pas celui de se voir jusqu’à la supposée fin des temps soumis à la gabelle, à la redevance, à la TVA, à la TIPP, la CSG, la CRDS, bref à tout ce qui contribue aux services d’utilité générale², mais bien celui du temps qui passe et de tous ces trucs qu’on ne pourra pas faire, de tous ces « je t’aime » qu’on ne dira pas, de tous ces couchers de soleil qu’on ne verra pas et de ces rendez-vous manqués (n’incluant pas ceux chez le dentiste).
Pour exprimer son angoisse, l’homme prononce alors la sentence ne pas durer aussi longtemps que les contributions, soupire, et commande un Ricmuche puisqu’il se trouve que le seul élément sur Terre capable de diluer le temps soit l’alcool³.
Considérant ne pas durer aussi longtemps que les contributions comme sournoisement subversive, la très susceptible Direction générale des Finances publiques œuvra en sous-main pendant des dizaines d’années pour rendre l’expression surannée. Elle y parvint finalement avec la symbolique réforme de l’imposition sur le revenu à la source, destinée à rendre imperceptible ladite contribution.
Oui, ami lecteur, à partir de 2019 il n’est plus possible de dire que ça ne durera pas aussi longtemps que les contributions.