[sè tuZur sa ke lé bòS norô pa] (loc. verb. RFA)
Avec la désagréable habitude prise au XXᵉ siècle par l’armée allemande d’envahir notre pays pour vérifier si l’on y était bien « heureux comme Dieu en France » comme suggéré par l’écrivain Friedrich Sieburg¹, se cristallisa une expression aujourd’hui désuète traduisant une forme de ressentiment non dissimulé vis à vis du soldat vert de gris.C’est toujours ça que les Boches n’auront pas est en effet la formule originellement usitée en fin de libations même minimes, pour marquer sa désapprobation quant au comportement accapareur de l’envahisseur en matière de denrées alimentaires et boissons.
C’est toujours ça que les Boches n’auront pas est donc arrivée dans le langage courant pour faire la nique aux tickets de rationnement et aux réquisitions alimentaires puis s’est muée en formule résistante avant, finalement, de transmettre la satisfaction replète d’un estomac bien rempli. En effet, c’est toujours ça que les Boches n’auront pas va perdurer bien après la fin de la deuxième guerre mondiale et en dehors de tout contexte belliqueux.
L’expression s’accompagne d’un ample geste de serviette
On dira simplement sa satiété avec c’est toujours ça que les Boches n’auront pas accompagnée d’un ample geste de serviette et, selon l’ambiance, d’une éructation plus ou moins contrôlée. Certes la locution n’est pas consignée telle quelle dans le moindre guide du savoir-vivre et des bonnes manières, mais elle est très largement tolérée y compris aux tables les plus chics.
C’est une poignée de mains qui va envoyer c’est toujours ça que les Boches n’auront pas en surannéité.
Le 22 septembre 1984, François Mitterrand et Helmut Kohl (respectivement président de la République française et chancelier de la République fédérale d’Allemagne) scellent la réconciliation entre les deux nations en se tenant la main lors d’une cérémonie à la mémoire des soldats tombés lors des deux guerres mondiales. L’instant passera à la postérité, balayant c’est toujours ça que les Boches n’auront pas.
La paix vaut bien l’abandon d’une expression.