[vèrmisèl de kôtrebâd] (n. comp. PAST.)
Dans la grande famiglia della pasta il y a comme dans toute famille une distribution des rôles.
La pasta lunga est la reine avec ses spaghetti et linguine, les fetuccine tiennent leur rang grâce aux tagliatelles et pappardelles, les tubi font toujours rires quand on les aspire (rigatoni, macaroni, coquillettes), et la pasta ripiena rassasie les plus goinfres avec sa farce.
Dans la grande famiglia della pasta il y a comme dans toute famille un membre un peu honteux qui se tient rabougri dans son coin : le vermicelle.
Parfois de blé, parfois de riz, le vermicelle est tout petit (et d’un intérêt culinaire discutable, mais ceci est une autre histoire). C’est cette taille réduite qui va en faire une mesure moqueuse de Popaul. Et pour encore plus enfoncer le zizi riquiqui dans l’opprobre, il sera dit de contrebande. Une façon de souligner le côté peu glorieux des transports du vermicelle concerné puisqu’il ne peuvent s’effectuer autrement que dans la pénombre et l’illégalité.
Ce vermicelle de contrebande est de toute évidence le résultat d’une déception et a été créé en réaction à un dithyrambique colosse qui n’a pas su tenir ses promesses de grandeur. On retrouve d’ailleurs l’un et l’autre aux deux extrémités de l’échelle pénienne établie en 1953 par le Bureau International des Tailles & Étalons¹ (BIT&E) en charge de la mesure phallique (fig. A) et qui servit jusqu’au début des années modernes à désigner celui qui possédait l’appendice le plus conséquent.
Malgré des recherches poussées il est impossible d’attribuer à une source précise le fameux « la taille ça ne compte pas » qui va envoyer le vermicelle de contrebande et tout le travail du BIT&E en surannéité. Il est à nouveau probable que l’adage ait été fomenté pour répondre à l’usage vexatoire de vermicelle de contrebande auprès de possesseurs supposés de colosse (ou a minima de zigounette).
En langage moderne le vermicelle est exclusivement réservé à la réalisation de vermicelles au curry, soupe aux vermicelles, vermicelles sautés au poulet. Seuls les services de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) sont désormais habilités à utiliser l’appellation vermicelle de contrebande, dans un cadre strictement professionnel².
En effet, depuis janvier 2012, des mesures européennes (décision n°2011/884/UE) obligent à la réalisation de contrôles officiels. Les vermicelles importés doivent être munis d’un certificat sanitaire ainsi que d’un rapport d’analyse établis par les autorités chinoises, attestant de l’absence de riz génétiquement modifié.
Des mesures qui produisent leur effet : depuis 2016, aucun vermicelle de contrebande n’a été contrôlé dans les ports ou aéroports français.