[kòm dirè lotr] (loc. laud. NAPOL.)
La majuscule change tout. Signe capital d’une majesté peu commune, elle traduit le profond respect donné à la parole de l’auteur lorsqu’elle débute son surnom dans l’expression comme dirait l’Autre.
Cet Autre qui semble avoir dit tant et tant, permettant d’étayer la moindre citation en la lui attribuant, n’est pas n’importe qui. À l’époque surannée il est même ce qui se fait de mieux en matière de prestige et de rayonnement puisque cet être n’est autre que Napoléon 1er.
L’Autre est en effet le nom que donnaient les vieux grognards demeurés fidèles à l’empereur sous la Restauration, période où le souverain régnant est à nouveau de la maison Bourbon et non de la Casa Bozzi à Ajaccio où est né le 15 août 1769 le petit Napoleone Bonaparte.
Comme dirait l’Autre est une façon à peine voilée de faire connaître la pensée impériale en tout sujet alors que son porteur habituel tourne en rond à l’île d’Elbe dans la Palazzina dei Mulini.
Y’a plus d’saisons, comme dirait l’Autre
Les Cent-Jours et le retour triomphal de l’empereur à Paris feront la gloire pour des années de comme dirait l’Autre, la proposition incidente étant dès lors mise à toutes les sauces y compris les plus insipides. « C’est la mort du p’tit commerce, comme dirait l’Autre« , « Y’a plus d’saisons ma pauvr’ madame, comme dirait l’Autre » côtoient sereinement la très complète « C’est toujours ça que les Boches n’auront pas, comme dirait l’Autre« .
À chaque fois que cela semble nécessaire à un discoureur clairvoyant sur l’insipidité de sa glose, comme dirait l’Autre vient à la rescousse.
Comme dirait l’Autre permet de tout faire passer puisque nul ne saurait s’opposer à l’empereur.
Sauf l’Anglois.
En parquant l’Autre à Sainte-Hélène, la Perfide Albion va influer sur la langue française à un niveau qui ne se retrouvera que bien des années plus tard avec la diffusion massive de ses suffixes en -ing venant terminer toute notion d’activité moderne : relooking, escorting, juicing, fooding, colunching, brunching…
Comme dirait l’Autre abandonne son prestige à la mort de Napoléon, le 5 mai 1821, et l’identité de cette altérité file peu à peu dans l’oubli avec le reste de l’expression.
L’ultra moderne #JDCJDR (Je Dis Ça Je Dis Rien) empêchera à jamais tout retour de l’empereur, et s’il arrive parfois à quelque babillard de se risquer à citer l’autre c’est bien sans majuscule. Cet autre là n’a rien de l’Autre.
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