[se fwété avèk la kö dy renar] (exp. faux-c. ATTIT.)
N‘est pas adepte des plaisirs de la souffrance celui qui aime se fouetter avec la queue du renard.
Aucun fantasme libidineux ne se cache derrière l’appendice du goupil.
Rien à voir avec une quelconque coquetterie d’élégante endimanchée qui aimerait être châtiée avec son écharpe de fourrure parce qu’elle a été très très vilaine. Et, bien entendu, aucun rapport avec la queue du Mickey que de sages enfants tentent d’attraper pour s’offrir un petit tour de manège supplémentaire.
Se fouetter avec la queue du renard fait plutôt dans le registre grande scène du 2 puisqu’il s’agit avec elle de faire semblant de se désoler d’un fait dont on se tamponne le coquillard.
Une tête penchée de quelques degrés mettra la touche finale à l’attitude miséricordieuse
Air compatissant de rigueur, larmichette bienvenue dans certains cas pour se fouetter avec la queue du renard et laisser ainsi penser à un interlocuteur qu’on partage son malheur (de ne pas voir pu assister à la finale du critérium régional à laquelle participait son petit cousin qui est très doué, ou encore d’avoir bêtement manqué la fabuleuse farandole des fleurs et ses costumes de papier crépon lors de la kermesse scolaire).
Une tête penchée de quelques degrés mettra la touche finale à l’attitude miséricordieuse qui est donc celle de toute fausse victime des cinglements d’une queue de renard.
Description raffinée de la charité du faux-cul, l’expression a évidemment été élaborée à partir de la position du rouquin dans la culture française, associé qu’il est à la flatterie et à la ruse dans les nombreux contes et fables lui faisant attraper fromage à l’odeur alléchante et capturer poules dodues toutes bonnes à dévorer.
Avec un panache poilu doux à souhait¹ et cette réputation mielleuse, l’animal avait tout ce qu’il faut pour convenir à la description du simulateur en compassion qui ne baille jamais en faisant semblant d’écouter. Et ce genre de bonhomme courant plus les rues que le renard la campagne, se fouetter avec la queue du renard allait connaître une grande renommée.
En 1987, voici que Voici bouleverse le monde de l’édition, des célébrités et la langue.
En décidant de mettre en images floues et en mots écrits gros les affres des people, la moderne presse à scandales et malheurs des gens connus dans leur quartier et plus loin va hâter la disparition de se fouetter avec la queue du renard.
La moindre perturbation du quotidien² d’une chanteuse à voix forte ou la plus infime modification d’humeur d’un comédien de série à l’eau de rose devient un trésor qui peut faire ses choux gras.
Se fouetter avec la queue du renard c’est désormais un bizness. Pas question de laisser la poules aux œufs d’or se faire dévorer par ce goupil moqueur : au suranné la bestiole et son expression !