[a fô lé balô] (loc. rapid. ARR.-TRA.)
Aller vite, vite, vite, toujours plus vite, n’est pas l’apanage du seul moderne électro-trottinetté.
En des temps plus surannés il était parfois aussi de bon ton de s’activer et d’y aller à fond les ballons comme le voulait l’expression consacrée. Ce, même sans nécessité d’exceller dans la pratique du jeu de pied-ballon¹, d’en consommer quelques uns au zinc ou d’y finir (au ballon) suite à une inconduite provoquée par l’ivresse.
Les ballons en question étaient alors deux hémisphères additionnels placés sous les robes des femmes et faisant bouffer le séant – aussi dénommé arrière-train – plaçant ainsi à fond les ballons comme synonyme d’à fond de train. En les remuant tout en se hâtant on était donc à fond les ballons.
Pour l’utilisateur du langage suranné, se bouger le popotin est en effet une forme du déploiement soudain d’une énergie importante d’autant plus voyante que la zone est proéminente, et il le dit avec ses mots pétris de bon sens et d’observation. Rappelons que pour lui, avoir des œufs sous les bras n’est pas une qualité : il faut que ça bouge.
C’est donc l’action volontaire et suante plutôt que la réflexion qui est la caractéristique d’à fond les ballons, deux intellectuels assis allant toujours moins loin (et moins vite) qu’une brute qui marche comme le veut l’apophtegme cinématographique alors en vigueur².
Au faîte de sa gloire, à fond les ballons sera même utilisée comme axiome par la mercatique automobile et son serviteur affidé – la réclame – pour présenter des véhicules qui vont vite comme étant le moyen le plus sûr pour palper du ballon³ (cf. fig. B).
Les nombreux échecs charnels enregistrés par les propriétaires de grosses voitures roulant à fond les ballons auront malheureusement raison de l’expression (de mauvaises langues racontent que c’est la taille de Popaul inversement proportionnelle à celle de leur bagnole qui serait la cause de leurs déboires, mais ceci est une autre histoire).
Accusée d’être une formule faisant prendre des vessies pour des lanternes elle sera violemment jetée aux orties par ces séducteurs spoliés. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle disparaisse.
Même le retour au premier plan d’égéries callipyges contemporaines ne mégotant pas sur l’exposition publique et photographique de leurs parties charnues – jusqu’à en faire leur signature – ne la remettra pas en grâce.