[a lyʁlyːʁ] (adj. qual. NAWA.)
Le qualificatif même dépréciant est souvent bienveillant joyeux et tendre à l’époque surannée. Ce temps où l’on prenait le temps, ce temps des artisans, savait moucher celui qui se hâtait mal, si mal qu’il en faisait n’importe quoi. De l’arpette maladroit au fini-parti peu consciencieux on disait alors qu’il avait agi à lurelure.
L’expression est-elle sympathique parce qu’elle emprunte à la langue la même racine que le luron (joyeux) ou est-ce sa construction en deux temps similaires qui lui donne son sourire ? Je ne saurais vous dire mais je l’aime bien. Pour un peu à lurelure sonnerait même comme un pardon au gaillard qui a bâclé les choses et s’est sauvé sans demander son reste.
Une fois de plus on constatera qu’un mot est demeuré en surannéité alors qu’on aurait bien besoin de lui aujourd’hui. À lurelure a disparu alors qu’on croise du gougnafier hasardeux et imposteur à tous les coins de rue, du n’importe quoi fait n’importe comment et par n’importe qui, du spécialiste improvisé disponible 24/24 pour vos plateaux télévisés, de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours… Bref, du mal-faisant et à lurelure.
Notons tout de même que ce brave à lurelure ne porte pas que les tares intestines des poilus de la main et qu’il est aussi en mesure de nous parler bucolique.
En effet il sera sympathique de se balader à lurelure c’est à dire au hasard des chemins et pourquoi pas des rencontres. C’est d’ailleurs dans ce cas qu’on fera les plus beaux voyages, vous verrez. Ainsi vous vous réconcilierez avec ce à lurelure qui restera quoi qu’il en soit au temps du suranné, supplanté qu’il s’est vu par le grossier à l’arrache, par l’inversé portnawak, et c’est un grand dommage.
Chers amis je m’en vais à lurelure et vous y donne rendez-vous, je serai par ici et puis un peu par là, vous devriez me trouver, faisons donc confiance au hasard.
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