[aʃømœnø] (onom. NÉERL.)
Attention attention, aujourd’hui on fait dans le pointu, dans le trrrès pointu. Acheumeuneu. Je vous avais prévenus. Mais si, acheumeuneu. Si je vous dis Loekie, ça vous revient ? Acheumeuneu. La pub, TF1, à la fin, le lion ! Ça y est, tu l’as ?
Acheumeuneu était une sorte de petite gâterie de fin de tunnel publicitaire, quatre secondes de grâce au bout d’un torrent de consumérisme plus ou moins brillant et créatif que l’on devait à l’esprit acéré et pétri de non sens de Joop Geesink, cinéaste d’animation néerlandais de son état et papa du petit lion tout mignon pour qui rien ne marchait vraiment comme il eut fallu.
Loekie, le petit lion en question, était un nounours assez simple que l’on pouvait alors trouver dans nombre de chambres d’enfants, une bestiole qui aurait pu nous venir directement du Nain Bleu ou de toute autre boutique paradisiaque pour client de moins de douze ans.
Loekie avait de grands yeux étonnés et une belle crinière rousse et faisait montre d’une belle volonté à vouloir se servir des objets du quotidien comme il convient de s’en servir quand on est un être du quotidien. Mais Loekie ne devait pas être fait pour ce quotidien là car à chaque fois la situation dérapait et se dérobait à la logique (vous avez remarqué combien le quotidien est féru de logique ?). Et paf : acheumeuneu.
C’était son seul langage, une sorte d’exclamation onomatopesque qui marquait sa surprise (j’ai appris bien plus tard qu’elle nous vient du néerlandais « Asjemenou » qui signifie « Ah ben ça alors ! »). Comme Gaston Lagaffe a son « M’enfin », comme le commissaire Bourrel a son « Bon sang mais c’est bien sûr ! », Loekie a son acheumeuneu.
Les saynètes acheumeuneu ont disparu de TF1 avec la privatisation de ladite chaîne. Grave erreur pour des personnes qui entendaient commercialiser du temps de cerveau disponible ! Loekie m’a fait rester devant la pub pendant des centaines de spots et m’a fait ingurgiter des milliers de messages me vantant les mérites d’une lessive lavant plus blanc, d’une voiture roulant plus vite, d’un camembert moulé à la louche ou d’un slibard qui faisait l’homme. Ils n’ont pas compris la force du petit lion, ils l’ont tué. Désormais pendant la pub je vais pisser.