Fig. A. François Villon utilisant adoncques.
[adôːk] (adv. SO WHAT ?)
Il se raconte dans les cénacles initiés que quelques vieux instituteurs l’utilisent encore. Mais nul ne sait vraiment où ils enseignent (entre nous soit dit, je pense que ce n’est qu’une rumeur). Cet adverbe que voilà aurait été repéré aux alentours du XIIᵉ siècle, c’est vous dire s’il est bien suranné. Certains le définissent comme burlesque, mais je crois que c’est son usage malicieux par de vieux lettrés taquins qui le rend souriant.Adoncques est devenu un code. Utilisé en fin de phrase et suivi d’un questionnant point d’interrogation il perturbe le dialogue argumentatif; c’est le propre de la rareté d’interroger et de tournebouler. Placez donc un adoncques et vous terminerez en beauté votre démonstration, je vous le dis. C’est qu’il oblige le gaillard ! À réfléchir à sa définition pour commencer mais surtout à reprendre le fil des arguments avancés car adoncques est plus fort qu’un « et alors ? » impliquant.
Donc voici adoncques qui perturbe quand il déboule. Est-ce pour cela qu’adoncques ne figure même pas aux côtés des psalmodiés en scolarité « mais ou et donc or ni car » ? Qu’a donc pu faire adoncques pour se trouver ainsi au ban comme une quelconque indigne conjonction de coordination ?
Ne cherchez en adoncques ni ogre dévoreur d’enfants, ni écorcheur de grands chemins. Adoncques est simplement trop compliqué¹ pour vivre ailleurs qu’au suranné. Le moderne préférera « et alors » suivi d’un point d’interrogation posé comme les poings sur les hanches de celui qui est sûr. Et alors, menton levé et nez au vent est arrogant là où adoncques était subtil. Foin de ces mignardises de poète (Villon a usé du adoncques, on voit comment il a fini), chassez loin ce adoncques qui veut semer le trouble au cœur de nos certitudes; pour survivre en haute modernité il n’est point de question qui vaille.
Affirmez, affirmez, il en restera toujours quelque chose (même si c’est du grand n’importe quoi) et laissez donc adoncques dormir.