[alé ân- âɡulèm] (syn. AVAL.)
Il est de grands mystères dans la langue surannée… quoi qu’ils puissent souvent s’expliquer quand on cherche du côté calembour du langage (qui au final révèle bien des secrets enfouis).
Ce n’est donc pas en Charente, et plus précisément en préfecture du département, qu’il nous faut fouiner pour définir l’expression qui nous occupe par ici. Trop de savants pressés d’avoir raison ont pris ce chemin piégeur qui les menait à Angoulême et les faisait tirer des conclusions hâtives et aisées.
Pour expliquer aller en Angoulême il nous faut déterrer engouler, verbe lui aussi désuet qui a pour sens avaler, mettre en bouche. Homophonie calembouresque oblige, cette gueule d’alors est devenu Angoulême, comme celle sise sur son balcon rocheux qui en faisait une place-forte capitale.
Ceux qui auront lu dans aller en Angoulême une quelconque vantardise angoumoisine à se gaver en seront pour leurs frais. Grandgousier, Gargantua, Pantagruel, règnent en Utopie, près de Chinon, à deux cents kilomètres de là, et non dans les méandres de la Charente et de ses confluents. Si Angoulême est bien la bouche c’est uniquement parce qu’elle sonne comme engoule. Ca-lem-bour !
Ceci acquis, tout ce qui va à la bouche va en Angoulême. En voiture Simone.
L’abandon d’aller en Angoulême ira de paire avec la montée en usage du véhicule automobile et de synonymes vulgaires de se faire empapaouter frôlant eux aussi de trop près engouler. C’est malheureusement le côté sombre qui emportera ce combat de forts en gueule, aller en Angoulême déclinant au profit d’aller se faire engouler ou autres formules approchantes¹…
Le moderne a oublié qu’Angoulême pouvait être la bouche et quand on le lui rappelle, ça lui en bouche un coin.