[aplé raul] (syn. vomi. COD.)
Rââââââ ! Râââââââ ! Râââââââ…
Râle du dégobilleur. Brame des tripes et boyaux qui tentent un trajet à contresens.
C’est l’écoute attentive du gueulement de l’arsouille rendant le trop-plein des excès de la veille qui aura inspiré le linguiste.
Râââââââ font ses tumultes gastriques qui vont donner appeler Raoul en synonyme de vomir. En un tour de passe-passe élégant le malade s’avère occupé à héler un comparse ou, lorsque le 22 à Asnières naît, à donner un coup de grelot professionnel à un certain par exemple.
Appeler Raoul fait partie de ces finesses de la langue surannée qui cachent pudiquement les errements indicibles. Il est en effet préférable d’expliquer un retard parce qu’on devait appeler Raoul plutôt qu’annoncer tout de go que l’on dégobillait un surplus de mets et boissons.
Cette coquetterie ne sera cependant pas sans conséquences sur Raoul, le prénom se voyant peu à peu déclassé dans l’estime des jeunes parents en recherche d’une dénomination pour leur rejeton mâle (même si ce dernier passera une partie de sa prime enfance à régurgiter soupes petits-pois carottes et spécialités fromagères fermentées). De très populaire au début du XXe siècle, Raoul passera à confidentiel quatre-vingt ans plus tard, usé par la bringue et ses débordements.
Cool Raoul
Une campagne de réhabilitation tentera bien de faire passer Raoul pour un doux au calme alcyonien en promouvant cool Raoul aux côtés du déjà installé relax Max mais la tournure s’effacera dès l’arrivée des premiers Kevin sur le sol français.
C’est donc tout naturellement qu’il deviendra impossible d’appeler Raoul dans les années modernes, celui-ci étant alors parfaitement inconnu¹.
Aucun nom de baptême à l’entame explicite ne viendra remplacer le dénommé Raoul.
L’expression vomitive appeler Raoul disparaîtra du langage aussi naturellement qu’elle y était apparue. Un cas rare de surannéité spontanée.