[apÿi syr le SâpiNô] (loc. verb. COLO.)
Vous avez encore le refrain en tête, c’est certain. Celui de cet hymne à la célérité exigée du chauffeur de car qui vous conduit vers la colo, en cet été si chaud d’une année surannée.
🎶Chauffeur, si t’es champion,
Appui-euh, appui-euh,
Chauffeur, si t’es champion,
Appuie sur le champignon.
Appuie, oui, oui, oui,
Appuie, non, non, non,
Appuie sur le champignon,
Appuie, oui, oui, oui,
Appuie, non, non, non,
Appuie sur le champignon🎶
Le ton a été donné par le plus dégourdi, celui qui siège stratégiquement au fond du car, hors de portée des réprimandes des monos. Une simple chauffeur si t’es champion et c’est parti mon kiki. Dès l’instant où l’on est plus de vingt cinq à entonner le refrain la bataille est gagnée : le cerbère routier doit obtempérer. Parce que ça commence à faire long et parce qu’on a vraiment hâte de savoir si la blondinette de l’année dernière sera là à nouveau… Alors appuie sur le champignon mon ami, sinon on continue à chanter.
De cette simple chanson d’une enfance impatiente survivra (si l’on peut dire) appuyer sur le champignon, forme champêtre d’une conduite comme Fangio qui ne sera pas sans conséquences sur l’aura et l’auréole de certains cueilleurs.
205 GTI rouge et dérapages contrôlés pour l’aura (depuis La fureur de vivre les filles adorent les vroum vroum), tout droit dans le mur ou le platane pour l’auréole, appuyer sur le champignon entrera ainsi dans le cercle fermé des expressions mignonnes et dangereuses lorsqu’elles sont mal maniées, aux côtés d’avec la bite et le couteau qui coûta cher à certains maladroits de l’Opinel, ou encore pousser Mémé dans les orties qui en déshérita plus d’un…
En conséquence de quoi (et en toute responsabilité), il fut un beau jour interdit d’appuyer sur la champignon. Dans sa grande sagesse, la modernité remisa en surannéité les voitures qui vont vite – et qui permettent de frimer devant les filles – et l’expression mycologique incidemment liée. On vit une époque raisonnable.