[apɥije syʁ la ʃɑ̃tʁɛl] (loc. verb. MYCO.)
Bien que chanterelle soit le nom donné à plusieurs champignons (dont parfois la girolle), appuyer sur la chanterelle n’est absolument pas synonyme ou même approchant d’appuyer sur le champignon.
Certains pseudo-savants essayeront de vous le faire entendre : assurez-les de votre plus vif étonnement et démentez formellement avec les éléments rigoureux exposés ci-dessous.
S’il le faut nous nous attacherons longuement à démontrer la fragilité de la chanterelle, que ce soit dans sa version Craterellus cinereus, Craterellus tubaeformis ou encore Cantharellus cibarius. Mais quiconque a lu les textes exposant la norme CEE-ONU FFV-55 « concernant la commercialisation et le contrôle de la qualité commerciale de la famille des chanterelles¹ », ou plus simplement s’est promené dans les bois panier et Opinel en main sait que la chanterelle est délicate et que la piétiner c’est la détruire.
Insister sur le point délicat d’une argumentation : c’est ça appuyer sur la chanterelle. Aller et revenir sur une faille de raisonnement d’un contradicteur, peut-être aller jusqu’à le laisser bafouiller s’il l’a mérité, voilà comment on appuie sur la chanterelle.
Bien entendu la chanterelle est aussi la corde la plus déliée et donc la plus aigüe du violon, de la basse ou du luth, et appuyer sur la chanterelle existe dans un sens propre mais de si peu d’intérêt que nous ne nous attarderons pas. Ce n’est pas d’une simple distorsion musicale que peut avoir surgi l’acception sensible qui est toute contenue dans cet appui sur la chanterelle.
Il nous faut d’ailleurs pour être exhaustif, poser ici un usage plus intime d’appuyer sur la chanterelle. Une sorte d’allégorie extatique, de tâtonnement charnel, de titillement du point de rupture (G en l’occurence).
Les recherches du médecin et chercheur allemand Ernst Gräfenberg² ne faisant pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique, ce sont de coquins (ou jaloux) savants qui décidèrent de faire d’appuyer sur la chanterelle le synonyme des travaux manuels et techniques de leur confrère, contribuant ainsi à lui donner un sens quasi similaire à celui d’origine (insister sur un point délicat) dans un domaine nouveau.
Le succès aurait pu être planétaire pour le docteur G. et pour appuyer sur la chanterelle.
Mais les difficultés rencontrées par les disciples tâtonnants de Gräfenberg dans l’atteinte du point mystérieux eurent raison de l’expression. Considérées inutiles, les recherches furent abandonnées.
Happée par ce fiasco, appuyer sur la chanterelle disparut sans un soupir.