[araSé û pavé] (loc. org. SEX.)
Même si la bagatelle était l’une de leurs préoccupations principales (avec l’interdiction d’interdire, l’autogestion et la libération de tous les prisonniers politiques emprisonnés dans les geôles fascistes) ce ne sont pas les étudiants excités du boul’mich en 68 qui créèrent l’expression en balançant des pavés sur les CRS devenus selon eux – pour la richesse de la rime – les nouveaux nervis de la Schutzstaffel¹.
Arracher un pavé date de bien avant.
Les Romains de la Rome décadente, déjà, arrachaient un pavé à chaque orgie antique célébrant Bacchus ou l’un de ses sbires en libations (cf. Fig. A.), ce qui donne à l’expression au moins seize siècles d’âge lorsque prend l’envie de vérifier si « sous les pavés la plage » à Dany le Rouge et ses acolytes guévaristes².
Forme bestiale de la présentation de ses hommages à Madame la marquise, arracher un pavé pourrait donc avoir pour origine cette conséquence de la fin de l’Empire romain d’Occident (476) qu’est l’absence d’entretien de la Via Domitia, de la Via Julia Augusta ou de la Via Aquitania laissées à l’usage de Gaulois peu portés sur la qualité de la voirie en ces années troublées³.
Notons que cette hypothèse audacieuse n’est pas partagée par tous les chercheurs en lettres surannées mais qu’elle demeure somme toute parmi les plus crédibles, aucune autre démonstration ne parvenant à prouver pourquoi arracher un pavé signifie forniquer ardemment.
L’image d’un damné de la terre dépierrant les rues du Vᵉ arrondissement parisien ou celle d’un Childéric 1er rageur piochant hardi petit pour bousiller tous les chemins qui mènent chez l’envahisseur, demande un certain effort pour s’apparenter à celle d’une besogne égrillarde assouvie avec enthousiasme (mais il est des domaines où la langue a toute licence plus ou moins poétique).
Arracher un pavé devra vivre avec ça jusqu’à sa qualification en surannéité que l’on considère comme surgissant dès 1969, lorsque les autorités décideront de recouvrir les huit cents hectares de pavés parisiens de béton bitumeux afin d’éviter leur transformation en projectiles séditieux.
L’ultra moderne « ken », apocope de kéni elle-même issue de l’inversion syllabique de niquer, ne parviendra pas à remplacer arracher un pavé, et ce malgré un usage intensif.