[arété sô Sar] (loc. exag. PEPLU.)
Les historiens sont unanimes : Judah Ben-Hur n’a jamais existé.
Le prince pilote qui rabattit le caquet de son ennemi Messala en gagnant une course de char est le fruit de l’imagination de Lewis Wallace qui publiera ses aventures en 1880 soit un bail après 15, date de leur déroulement supposé.
Ainsi, bien qu’ayant arrêté Antarès, Altair, Aldébaran et Rigel, ses quatre chevaux, à la fin de son trot attelé victorieux, Ben-Hur n’est pas à l’origine d’arrêter son charre, expression intimant de cesser une exagération trop évidente.
Ce sont une fois de plus des gonciers avec clope au bec et chopine à la main qui auront fait œuvre créative pour la faire émerger. Et c’est avant tout au Balto qu’arrêter son charre s’entendra.
Arrêter son charre, qui demande donc à un interlocuteur de ne pas charrier, sera d’un usage raisonnable jusqu’en 1959, date à laquelle le succès de Ben-Hur, film de William Wyler, lui donnera une nouvelle jeunesse.
Arrête ton char Ben-Hur
Portée par l’interprétation couronnée d’un Oscar de Charlton Heston, arrête ton char Ben-Hur viendra en effet mettre une touche hollywoodienne et glamour à la franchouillarde arrêter son charre, lui ouvrant grand les portes de la gloire. Partout dans le monde où emphase et galéjade s’uniront pour épater la galerie ou une blonde, arrête ton char Ben-Hur surgira dans la poussière de son quadrige tiré par ses blancs destriers pour calmer les ardeurs du vantard.
Ainsi mouchés, les fanfarons mettront la pédale douce aux contes de leurs exploits et les baratineurs rabattront leur caquet un peu trop fastueux.
On notera le subtil passage de charre à char sur lequel repose tout le ressort d’arrête ton char Ben-Hur. Quasi inaudible, cet abandon de -re encouragera même certains jusqu’au-boutistes à lancer arrête ton char Ben-Hur tu perds des roues, mais cette forme demeurera confidentielle.
La désaffection moderne pour le genre péplum et ses orgies et batailles grandioses aura pour malheureuse conséquence de rendre arrêter son charre surannée.Submergé par de nouveaux anti-héros moins superbes, Ben-Hur se rangera des voitures et abandonnera son char dépassé. Le ramenard contemporain en sera donc fort aise, pouvant dès lors vanter son beau pelage sans risque de se faire envoyer voir là-bas si j’y suis¹.