[ètr u avwar de la ɡalèt] (doub. loc. ÉPIPH.)
Si elle célèbre une fois par an l’arrivée des rois mages en l’étable où babille alors un nouveau né qui marquera durablement son siècle et les suivants (mais ceci est une autre histoire), la galette est aussi utilisée quotidiennement dans diverses expressions en ces temps marqués du sceau d’une créativité linguistique effrénée.
Laissant la frangipane aux pâtissiers du 6 janvier, elle est donc fourrée le reste de l’année aux verbes être ou avoir, l’un et l’autre emportant des sens totalement différents.
Quand c’est de la galette c’est les doigts dans le nez que les choses vont se réaliser. Quand on a de la galette, c’est qu’on a du grisbi. Être sous-entend donc que la galette est facile à réaliser, avoir prétend vraisemblablement qu’elle s’apparente à une pièce d’or qui rend riche.
Être ou avoir, telle est la question
Personne ne se risquera plus avant sur l’origine de la double acception mais il est en revanche certain, une fois de plus, qu’être ou avoir, telle est la question.
Les vénaux préfèreront avoir de la galette, les complaisants que ce soit de la galette.
Notons qu’il est possible d’envisager qu’une affaire quelconque soit de la galette pour en avoir ensuite¹. Et vice versa, avoir de la galette facilite très souvent le fait qu’elle en soit¹. L’on pourra donc alternativement être et avoir de la galette sans créer un insurmontable conflit philosophique qui imposerait de convoquer Platon, Spinoza, Héraclite ou Hegel.
Cette accommodation de la galette avec l’un et l’autre des verbes régira leurs rapports jusqu’à l’invention moderniste de diverses mixtures censées la garnir de meilleure manière que la frangipane originelle : compote de pommes, confiture de framboise, crème pâtissière, pâte cacao noisette feront ainsi se révolter les puristes.
Le vif débat sur le contenu prenant le pas sur le sens, être ou avoir de la galette disparaîtront des conversations.
« C’est facile » n’a désormais pas plus de synonyme pâtissier « qu’avoir de l’argent ». C’est là assurément une double faute de goût et de langue.