[avwar léz- jöz- â kuj dirôdèl] (métaph. érog. FÊT.)
S‘il suffit d’un fil posé entre deux poteaux de bois par l’administration des P&T en charge du déploiement du télégraphe et du service téléphonique pour observer l’hirondelle, c’est beaucoup d’imagination qu’il faut posséder pour en apercevoir les roubignoles.
Même si celles-ci peuvent augmenter de plus de deux cents fois de volume en période de roucoulade et gazouillis, elles demeurent cachées à la vue des ornithologues amateurs ou éclairés, l’oiseau s’avérant pudique par nature (hors canard argentin et son Popaul de quarante centimètres qu’il adore exhiber, mais ceci est une autre histoire).
On peut donc sans sourciller affirmer qu’avoir les yeux en couilles d’hirondelle n’est pas le fruit d’une étude assidue de l’oiseau migrateur mais plus vraisemblablement celui d’une comparaison supposée entre les gonades de la bête et les yeux d’un noceur quasi fermés un lendemain de fête pour cause de réjouissances parties en goguette.
D’aucuns ont avancé qu’il pourrait aussi s’agir d’une référence faite aux agents de la brigade cycliste qui se les brisaient menues en 1901 sur leur vélo Hirondelle (fabriqué par Manufrance), mais la selle Idéale® qui accueillait leur séant était d’une telle qualité avec ses deux ressorts qu’on peut écarter l’hypothèse. Seule demeurera l’appellation aviaire que les pandores endosseront comme surnom sans qu’il ne soit jamais question de leurs bijoux de famille.
Avoir les yeux en couilles d’hirondelle n’a pas d’autre origine qu’une boutade d’arsouille fatigué à l’attention de l’un de ses comparses de débauche.
Pour autant l’expression trouvera son public mais il ne faut voir dans sa diffusion réussie qu’un de ces heureux hasards dont bénéficient parfois les métaphores de zone érogène dont la langue française est friande en ces temps où l’on peut donc avoir les yeux en couilles d’hirondelle sans se retrouver condamné pour outrage.
Les choses finiront par changer quand se pointera une pudibonderie de pacotille refusant d’appeler un chat un chat, et des petits yeux fatigués par la bringue des yeux en couilles d’hirondelle.
Une époque sans hirondelles et sans couilles les laissera s’envoler les unes et les autres pour leur pays suranné et lointain où elles aiment se reposer au soleil, yeux mi-clos.
Elles ne reviendront pas.
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