[avwar lëj ki friz] (loc. coiff. OCUL.)
Inutile d’aller chez le merlan pour aboutir à un résultat oculaire digne de l’expression surannée étudiée par ici. Et concomitamment nul besoin de courir consulter aux Quinze-Vingts si le symptôme venait vous affecter. Avoir l’œil qui frise n’est nullement dangereux.
Rangez les bigoudis, les fers à frisotter, les crèmes de ci et les shampooings de ça, avoir l’œil qui frise ne s’acquiert pas à force de traitements ondulatoires ou de contraintes cappilicoles.
Pour avoir l’œil qui frise c’est un certain regard qu’il faut poser, généralement sur le sexe opposé ou sur toute chose affriolante susceptible d’affoler les sens du porteur de l’œillade en question. On pourra par exemple avoir l’œil qui frise en regardant une jolie blonde passer tout autant qu’en bavant en devanture, devant un millefeuille gourmand.
Avoir l’œil qui frise n’est pas concupiscent
Avoir l’œil qui frise n’est pas concupiscent ni même ribaud, tout juste lascif et donc jamais graveleux. Le frisotti ophtalmique est tout en discrétion, subtil coup d’œil qui trouvera d’ailleurs souvent abri derrière les verres assombris d’une paire de lunettes de soleil. Car le frisé sait bien qu’à perdre sa délicatesse il pourrait bien gagner un bon compère-loriot qui le démasquerait immédiatement.
Avoir l’œil qui frise permet ensuite de conter fleurette même sans rien dire, parce qu’il n’est finalement pas plus parlant qu’un regard de velours ou de braise pour faire mieux que des mots.
Bref, avoir l’œil qui frise est une affection qui ne nécessite aucune correction.
Avoir l’œil qui frise fut aplati sans ménagement par l’irruption moderne et inversée du verbe mater, dite téma¹ en 1995. Sans aucun ménagement, ce téma effrené² envoya l’œil qui frise circonvoluer dans le monde suranné. L’époque est trop directe pour les spirales maniérées et nul ne saurait désormais sous peine de ridicule dire à Michèle Morgan qu’elle a d’beaux yeux, tu sais.
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