[avwar ê né ki a kuté Sèr a mètr â kulër] (loc. nas. CYRAN.)
Il fait rire les petits et les grands avec ses chaussures immenses, ses tartes à la crème, sa fleur arroseuse et ses diatribes surjouées. « Ah la la la la la laaaaaaaa, c’est pas le président de la Républiquuuueuh [rires], c’est le cloooooooowneuh ! » [rires].
Rires et pourtant, chacun sait qu’Auguste cache derrière son nez rouge une trogne d’ivrogne à qui l’éthylisme permet tous les blasphèmes.
C’est donc en pensant à ses clowneries que l’on dira du buveur expérimenté qu’il a un nez qui a coûté cher à mettre en couleur, le tarin rouge en chou-fleur s’avérant souvent (mais pas toujours) l’apanage du pochard¹. Une consommation assidue de chasse-cousin assure en effet de posséder un appendice rosé à souhait qui certes, ne fera pas 🎶pouic-pouic🎶 lorsque les petits enfants le presseront², mais posera en pilier du Balto son heureux possesseur.
Initialement présent dans la fameuse tirade des nez de Cyrano de Bergerac avec — Spéculateur : « c’est un nez qui a coûté cher à mettre en couleur, vous le revendrez bien assez tôt à prix d’or », l’expression fut écartée à la relecture au profit de — Pédant : « l’animal seul, monsieur, qu’Aristophane appelle hippocampelephantocamélos dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! », certainement sous la pression de Georges Cohery, ministre des Finances qui noya le poisson en remettant sa propre légion d’honneur à Edmond Rostand devant le triomphe de la pièce le soir de la générale³.
À moins que l’auteur n’ait craint de trop faire dans la farce et pas assez dans le romantisme en mettant en scène un pochetron au renifloir coloré (le gros rouge ça vous entache un réputation en une seule réplique).
Avoir un nez qui a coûté cher à mettre en couleur disparaîtra en surannéité pour des raisons de santé, quelques décennies plus tard, poussé dans l’oubli par un très administratif et sérieux l’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération qui fait irruption au début de la fin du vingtième siècle (circa 1990).
Il est probable que toucher au porte-monnaie eut été plus efficace dans la lutte contre l’alcoolisme avec mettre un nez en couleur coûte cher, à consommer avec modération; à croire qu’on ne voulait pas vraiment empêcher les Français de picoler…