[baʁbɔ̃] (n. m. FAM. PÉJ.)
Le barbon on peut le faire ou on peut l’être. L’un est plutôt pathétique, l’autre est plutôt sympathique. Si l’être semble quelque peu inéluctable, encore qu’on puisse professer à grand voix que n’est barbon que celui qui le mérite, le faire relève de l’abandon. Voilà un bien étrange suranné qui selon l’âge de celui qu’il qualifie prend un sens ou un autre. Le cas est rare c’est pourquoi nous nous y attardons par ici.
Le jeune barbon est un poète poétant plus haut que son luth, et ce ne sont pas ses trois poils au menton qui me feront mentir. Boutonneux se croyant un sachant, prétentieux virginal à l’aura encore pâle, ce barbon là ne vaut rien de plus qu’une fessée pour lui apprendre à vivre. Tu seras un homme mon fils, mais n’oublie pas les quelques rimes qui sont couchées avant. Il ne mérite guère qu’on s’attarde sur son sort. Venons-en donc à l’autre. Le vrai barbon, celui qui porte haut ses tempes grisonnantes. Charmeur impénitent, il n’a que faire de charrier ses années et préférera d’ailleurs en partager le fruit auprès de moins ridées que lui¹. Dandy faisant fi des moqueries, le barbon n’a de cesse d’oublier qu’il lui faudra mourir et c’est en ça qu’il m’est bien sympathique. Allons, allons, oubliez ses manières, elles n’ont rien de vulgaire, et si vous le trouvez pressant c’est que le bougre n’a plus vraiment le temps. S’il le peut il roule carrosse et mène grand train, je crois qu’il a abandonné l’idée d’être le plus riche du cimetière.
Ce vieux beau de barbon a une gueule de métèque, de juif errant, de pâtre grec, et les cheveux aux quatre vents si tu vois ce que je veux dire. Laissez-lui les illusions qu’il fait semblant d’avoir, de toute façon il vous l’a dit, il n’échappera pas au purgatoire.
¹Honni soit qui mal y pense
🎼🎶Señorita dépêche-toi
Je suis un peu plus vieux que toi
Je ne vais plus au cinéma
On a fermé l’Alhambra🎶🎶