[batre la brelòk] (gr. verb. CŒ.)
Ces gens là, sorti dans les bacs chez votre disquaire en 1963, nous le chantait sur la face B de son vinyle avec Mathilde qui était revenue :
🎶Ma mère voici le temps venu
D’aller prier pour mon salut
Mathilde est revenue
🎶Bougnat tu peux garder ton vin
Ce soir je boirai mon chagrin
Mathilde est revenue🎶
En quelques strophes dont le grand Jacques disait lui-même qu’elles étaient bien écrites¹, Brel nous racontait son cœur qui s’emballait à nouveau pour la Mathilde, de cette passion qui l’avait esquinté et qui allait vraisemblablement l’achever.
Autrement dit une définition idéale de battre la breloque qui va faire passer les lignes définitrices qui suivent pour du pipi de chat, tant il est bien entendu impossible d’égaler le poète.
Battre la breloque implique un arythmie ralentie (dite bradycardie) puis accélérée (la tachycardie) du cœur, organe vital et siège supposé des émois depuis toujours². C’est la breloque, petit objet de rien du tout qui se balance au bout d’une chaînette, qui donne ce tempo désordonné. Pas de contraction ordonnée des ventricules et oreillettes, mais de multiples soubresauts et pourquoi pas une fibrillation ventriculaire qui peut mener jusqu’à la crise cardiaque. Battre la breloque n’est jamais anodin, Mon cœur arrête de répéter, Qu’elle est plus belle qu’avant l’été, La Mathilde qui est revenue…
Comme il n’y a pas de hasard dans la langue surannée, notons que battre la breloque est aussi usitée pour signifier à une troupe de gents d’arme… la débandade. Au ranpataplan ranpataplan, rompez les rangs (il faut évidemment un tambour pour battre la breloque). Et le désordre de régner chez les biffins s’égaillant, qui au lunapar, qui au comptoir de chez Marcel.
Conséquemment, lorsque quoi que ce soit bat la breloque c’est qu’il déraisonne, qu’il part en cacahuètes, qu’il soubresaute.
Le 9 octobre 1978, le cœur de Jacques que la Mathilde n’avait que trop usé s’arrête de battre la breloque. Dans la foulée les Bee Gees installent un rythme nouveau de 120 battements par minute : le disco³. Battre la breloque devient définitivement surannée.