[bëré le marmo] (verb. prem. gr. POLIC.)
C‘est la maison poulaga qui régale. Ce n’est pas tous les jours, profitons-en.À trop fréquenter les bas-fonds pour en chasser les mauvais garçons, la maréchaussée a souvent fabriqué son langage à base d’argot des faubourgs et d’expression des fortifs. Imagée comme toujours cette langue s’est perdue dans les archives du 36 pour y demeurer surannée.
Et même si parfois un vieux San Antonio acheté sur les quais vous rappelle qu’elle exista vous ne risquez plus de l’entendre, l’époque est au correct et à la formule administrative jusque dans les commissariats. Il fut pourtant un temps, suranné donc lui aussi, où les aveux du bandit de grand chemin et même de l’assassin peu loquace s’obtenaient avec une méthode convaincante : beurrer le marmot.
Vous me direz qu’en général l’enfance est plus au Nutella qu’au beurre et vous n’aurez pas tort.
Mais malgré le marmot ce n’est pas de l’âge où tout est innocence dont il s’agit ici. Bien au contraire, je vous l’ai dit, c’est un coupable qui est là menotté devant nous. Et il a juste besoin d’une petite aide pour se souvenir ce qu’il faisait exactement dans la nuit du 18. Oh trois fois rien, une pichenette psychologique, une chiquenaude convaincante, une chicorée mais pas celle de l’ami Ricoré, une pression de bottin et puis c’est marre. Ce n’est que ça beurrer le marmot.
Du méchant qui ressortira de la chose avec de menues ecchymoses on dira qu’il a glissé dans l’escalier. L’étourdi se sera pris les pieds dans le tapis sans doute. Il va sans dire que ces méthodes d’un autre siècle n’existent plus.
[su_image_carousel source= »media: 29455,29457,29456″ limit= »3″ slides_style= »photo » crop= »3:4″ columns= »3″ align= »center » arrows= »no » dots= »no » autoplay= »0″ image_size= »full »] Désormais le vilain ne se fait plus beurrer le marmot même s’il est atteint d’une soudaine absence de mémoire. Bérurier a remisé ses paluches dans ses poches et l’annuaire des PTT a disparu (c’est qu’il avait aidé à en beurrer des marmots celui-là…). La mornifle n’est plus à la mode, que voulez-vous.Aujourd’hui c’est l’ADN qui parle, et il raconte les histoires mieux que quiconque cet acide désoxyribonucléique. La vérité y a gagné, c’est sûr. Et quelques innocents lui doivent certainement leur salut. Mais le folklore a tout perdu.
Et puis beurrer le marmot c’était plus facile à dire que désoxyribonucléique. Je crois que le progrès ne sait pas faire dans le simple.