[biZu de la fwar sêòvid] (n. complex. VIL.)
Peu avare en mots bien choisis pour traiter le médiocre de ce qu’il est, le langage suranné possède dans ses rangs quelques pépites que la lie pourrait aller jusqu’à prendre pour un compliment.
C’est le cas du précieux bijou de la foire Saint-Ovide qui fera scintiller les yeux du dernier des maudits à qui on l’adressera quand il est pourtant l’expression de la plus piètre considération. Un bijou de la foire Saint-Ovide est un homme de bien peu, voire de rien, et même un moins que rien.
Venu de toute évidence de la foire Saint-Ovide qui se tient depuis le XVIIᵉ siècle sur la place des Conquêtes et qui vend pâtisseries, bijoux de pacotille et objets religieux pour célébrer les reliques du saint sises au couvent des Capucines qu’on trouve sur la même place, la qualification de bijou de la foire Saint-Ovide pour désigner le vaurien n’en demeure pas moins mystérieuse.
Sûrement la fête attirait-elle argotiers et coupeurs de bourse de la cour des miracles, toujours prêts à jouer un mauvais tour aux spectateurs des marionnettes ou des danseurs de corde. Ceci expliquerait facilement le sens détourné de bijou de la foire Saint-Ovide.
Après la disparition des baraques de la foire Saint-Ovide dans une incendie en 1776, seul le bijou demeurera lié à la place, celle-ci ayant pris entre temps le nom de Vendôme.
Le bijou de la place Vendôme trouvera un tout autre destin que celui de la foire Saint-Ovide, bien que faisant lui aussi les poches aux argentés (consentants cette fois). Représentant le chic quand son cousin définit plutôt l’affreux, il prendra la lumière et vouera le bijou de la foire Saint-Ovide au suranné.
Ce ne sont pas les joailliers du coin qui se plaindront de cette disparition.