[avèk la bit é le kuto] (loc. POES.)
Monument du suranné et grand pourvoyeur d’expressions imagées ayant fait leur carrière dans la langue d’avant, Jean de la Fontaine, classé ancien dans la fameuse querelle des Anciens et des Modernes (XVIIᵉ siècle), aurait pu nous fournir celle que nous allons envisager ici.
D’autant plus que tout moraliste qu’il fut, le mec nous produisit tout de même quelques contes grivois parmi lesquels je vous rappelle « Comment l’esprit vient aux filles », « Les aveux indiscrets » ou encore « Le Rossignol ».
Besoin de remembrance ? Un extrait de « Comment l’esprit vient aux filles » :
Il est un jeu divertissant sur tous.
Jeu dont l’ardeur souvent se renouvelle :
Il divertit et la laide et la belle.
Soit jour, soit nuit, à toute heure il est doux :
Devinez donc comment ce jeu s’appelle.Le beau du jeu n’est connu que de l’époux;
C’est chez l’Amant que ce plaisir excelle :
De regardant pour y juger des coups,
Il n’en faut point, jamais on ne s’y querelle.
Devinez donc comment ce jeu s’appelle.
Il n’en est rien pour autant, avec la bite et le couteau ne pouvant décemment apparaître avant le bon vieil Opinel; opinez-vous du chef ? Non ?
Mais cependant la filiation est là avec le fabuliste. Vous en doutez encore ? Alors lisez donc, chers amis, la définition fabulée en prose façon Jeannot que le Dictionnaire raisonné des mots surannés et expressions désuètes est heureux de vous offrir en exclusivité. Preuve de surannéité.
Un homme de l’art fer battant
Se vit bien seul nu comme un vers,
Devant l’ampleur de son tourment
Quand de côté ni par devers
Il se retrouva face aux vents
Que le commun eût dit contraires.
C’est que le bougre comme on dit
N’avait alors pour son grand œuvre
Que deux précieux mais faibles outils :
Bite et couteau pour tout manœuvre.
Muni de l’une et l’autre en main,
Moquant de l’impudeur et bravant le danger,
Il décida de forcer son destin.
Bien mal lui en pris car la maréchaussée,
Le voyant ferrailler armé Herculéen
_ (le bougre était fort bien pourvu)
L’envoya sur le champ en geôles se calmer.
Moralité :
Qui ne peut travailler qu’avec la bite et le couteau
Finira, quoi qu’il soit, au trou et tout penaud.
Je laisserai les héritiers de Freud et autres savants gloser sur le parallèle qu’ils ne manqueront pas d’établir entre la bite et le couteau, et ainsi vous fournir des explications plus techniques. Ils sont certainement mieux équipés que moi¹.
3 comments for “Avec la bite et le couteau [avèk la bit é le kuto]”