[la butèj kôsiNé] (n. fém. COCA)
Qu’elle soit dive ou vulgaire, la bouteille est depuis l’invention du mélange d’oxyde de silicium et des divers fondants qui constituent son verre, l’un des éléments majeurs du quotidien suranné.
En ces temps désormais désuets qui font l’objet de cette étude, elle fait même l’objet d’un culte particulier qui consiste en son retour au bercail (vidée de son contenu, bien évidemment) à fins de dédommagements monétaires.
Elle prend dans ce cas le nom de bouteille consignée.
Bien étrange aux yeux du moderne qui dans le meilleur des cas l’abandonne désormais dans un point dit « de collecte », la bouteille consignée est alors la plus répandue parmi les contenants de breuvages. La bouteille de Coca-Cola est une bouteille consignée, celle de vin de pays est une bouteille consignée, et toutes ses consœurs accueillant diverses formes de houblon bien brassé sont des bouteilles consignées. Les exemples sont foison : ce qui se boit se doit d’être présenté en bouteille consignée. C’est la règle.
Pour aboutir à la récupération de la modique somme d’argent remboursable (la consigne), la bouteille consignée doit être remise au commerçant vendeur initial (ou à l’un de ses clones) qui en échange se fendra de l’octroi des centimes correspondant, selon un barème officiel émis par le propriétaire de la bouteille en question qui se la verra retournée un peu plus tard. C’est bien pratique pour se faire un petit peu d’argent de poche qui pourra aussitôt se convertir en Veinards ou autres formes de gratifications gustatives.
Notons en aparté que l’avènement des consignes automatiques dans les grandes surfaces (une sorte de tapis roulant accueillant les bouteilles consignées et délivrant un ticket à valoir) permettra à quelques petits malins d’augmenter sensiblement leur pouvoir d’achat, ceux-ci ayant noté qu’en déposant directement les bouteilles consignées et pleines du rayon d’à côté dans la machine, la brave mécanique sans ruse émettait sans coup férir ses tickets… La modernité a aussi du bon. Mais ceci est une autre histoire.
Attention : ce ne sont pas de ces petites exactions grévant les marges des fabricants de sodas sucrés que mourra la bouteille consignée.
En 1974, de brillants esprits singeant celui du préfet Poubelle, installent une collecte de verre dans le minuscule village d’Autreville-sur-la-Renne à des fins d’expérimentation d’un cycle aboutissant à remplir des bouteilles re-fabriquées plutôt que des bouteilles déjà fabriquées…
L’élucubration va faire florès, couvrant le paysage français de bacs de tri bien remplis par les preuves d’agapes alcoolisés permettant aux curieux du quartier de quantifier en litres les décibels d’une veillée les ayant empêchés de dormir.
La bouteille consignée disparaît, développement durable oblige¹, privant de ressources des hordes d’enfants qui traquaient fébrilement la Valstar et la Sidi Brahim vidées. Le tri, une mauvaise idée ?