[bʁistɔl] (n. com. PAP.)
Je ne veux pas vous entretenir de l’hôtel et de ses cinq étoiles dont je ne goûte pas avec ébahissement la décoration clinquante et si peu surannée destinée à fournir à ses clients du Golfe, des Etats-Unis ou d’ailleurs une image bien étrange d’un luxe en stuc à la française.La dorure outrancière ça se mérite et savoir en mettre trop demeure une affaire de bon goût, tout le monde n’est pas Charles Le Brun. Mais on s’en fout vous dis-je, le bristol dont je veux vous convaincre qu’il est fortement suranné est celui de papier.
Le bristol nous vient d’un papier blanc originellement fabriqué en Grande-Bretagne, qui porte comme qualité d’être particulièrement épais et donc de se tenir sans flottement quelle que soit sa surface d’utilisation. Ainsi sa première destination est-elle celle d’une carte de visite. Vous connaissez mon côté Nadine de Rothschild aussi ne manquerai-je pas de vous rappeler les bases en la matière : les cartes de visite sont donc en bristol blanc, d’un format proche de 15,5x11centimètres, eh oui le petit format de la carte business n’est pas très « bonnes manières ». Elles sont imprimées ou gravées en gris ou noir dans un caractère classique de forme bâton pour le nom et le titre (de noblesse, pas celui de votre album préféré), en anglaises pour l’adresse. Cette dernière peut se placer en haut à droite ou en bas à gauche, auquel cas on peut ajouter le numéro de téléphone en bas à droite et pourquoi pas son adresse électronique. Je reviendrai sur leur usage dans une chronique ultérieure. À titre de teasing sachez qu’il y a une signification au pli en coin de la carte de visite…
Le bristol c’est aussi et surtout une invitation d’ordre privé pour des dîners « priés » (on se contentera d’un appel téléphonique ou d’un moderne SMS pour des dîners intimes). Le bristol indiquera la nature de l’invitation (cocktail, soirée, dîner), le jour et l’heure et éventuellement la tenue (tenue de soirée signifie robe longue, cravate noire signifie smoking et robe du soir). Le bristol doit être envoyé au moins trois semaines à l’avance, vos convives ayant par définition un emploi du temps surchargé et vous honorant de leur présence en cas de réponse positive. À noter que le bristol imprimé avec des blancs destinés à être complétés à la plume avec le nom et la date (sous entendu pouvant servir pour plusieurs réceptions) vous fera immanquablement passer pour un radin ou laissera penser à votre invité qu’il est un bouche-trou. Je déconseille.
Pour les parvenus et les frimeurs il est convenu de laisser trainer vos bristols sur le meuble d’entrée afin que vos amis de passage jugent subrepticement ô combien vous êtes une personnalité very important qui a cependant autre chose à faire que répondre à ce type de sollicitations puisqu’elle les néglige nonchalamment. Cela dit vous ne leurrez personne avec votre tactique à deux balles mais bon, c’est votre vie. Actuellement le bristol portant logotype du PSG est très côté et celui du tournoi de Roland Garros demeure une valeur sûre. Les vœux du maire sont désormais has been et les soldes privés so 2005. Si vous voulez vraiment vous la raconter à peu de frais, écrivez aux ambassades qui ne manqueront pas de vous convier à leurs pince-fesses car c’est leur rôle que de faire rayonner leur pays. Et le bristol avec « Monsieur l’Ambassadeur du Royaume de Trucmuche vous prie… » ça pose son homme.
Le save-the-date by mail a occis le bristol. Quelle pitié de voir les élégantes imprimer sur A4 90 grammes recyclé la date de la prochaine occasion de faire briller leurs rivières de diamants. Je sais bien qu’il faut sauver la planète et que la juste gestion du papier est donc cruciale mais on aurait pu faire une exception pour le bristol.
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