Être du nanan [ɛtʁ dy nanɑ̃]

Fig. A. C’est du nanan.

[ɛtʁ dy nanɑ̃] (loc. plais. BONB.)

Quand la langue fait dans le goûtu, ses expressions sont comme des bouchées fondantes de praline ou des cuillerées de confiture maison : elles se savourent et elles laissent derrière elles un parfum de douceur inimitable. C’est du nanan appartient à cette catégorie.

Derrière ce redoublement enfantin se cache en réalité une vieille délectation lexicale, un bonbec linguistique.

Le nanan, dans son usage premier, désigne ce que la vie offre de plus délicieux : une friandise, une gâterie, une douceur sirupeuse, un plaisir gustatif qui caresse le palais sans effort. Autant dire que c’est du nanan se traduit tout simplement par c’est exquis, un régal, un délice.

Mais le nanan ne s’arrête pas à la bouche. Il envahit aussi les conversations des bons vivants et des filous qui savent que la gourmandise ne concerne pas uniquement ce qui se becquette. Un bon tuyau sur un cheval dans la troisième à Vincennes ? C’est du nanan. Une soirée entre amis où le vin a coulé à flot et les rires avec ? Du nanan, mon pote ! Un placement financier trop juteux pour être honnête ? Un vrai nanan, j’te dis.

Une vieille délectation lexicale

Comme toutes les choses de qualité, c’est du nanan est devenu l’apanage des initiés, des fines bouches et des connaisseurs. Pendant des décennies, il s’est glissé dans les alcôves feutrées des gastronomes et dans les clins d’œil entendus des turfistes, dans les sous-entendus des truands.

Hélas, la modernité a toujours eu un problème avec le plaisir authentique.

Trop simpliste, trop sensoriel, trop spontané. C’est du nanan s’est donc évaporé des lèvres comme une mousse au chocolat qu’on aurait laissé sécher au soleil. À sa place, le moderne a imposé c’est quali , c’est validé, solide… ou pire encore, c’est du lourd. Des expressions sans la moindre saveur.

Et pourtant… Pourtant, il suffirait d’un bon repas, d’une bonne bouteille et d’un convive sachant encore jacter comme un poulbot pour que c’est du nanan ressurgisse entre deux bouchées, pétillant comme un vieux champagne oublié au fond de la cave. Il y a des plaisirs qu’on ne peut pas vraiment effacer.

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